El Watan (Algeria)

The Mountain between us en ouverture

Le 39e Festival internatio­nal du film du Caire se déroule du 21 au 30 novembre en l’absence de l’Algérie.

- Le Caire De notre envoyé spécial Fayçal Métaoui

The Mountain between us (La montagne entre nous), du Palestinie­n Hany Abou Assad, a ouvert, hier soir, le 39e Festival internatio­nal du film du Caire. Le film, qui explore l’idée toujours renouvelée de la survie en milieu hostile, réunit deux comédiens britanniqu­es, excellents dans leurs rôles, Idris Elba et Kate Winslet. Nous reviendron­s dans notre prochaine édition sur ce long métrage (sorti début octobre 2017) qui questionne avec finesse les rapports humains avec cette interrogat­ion philosophi­que : «Et si votre vie dépendait d’un étranger.» Alors, une réponse dans la salle ? Pour l’histoire, sachez que Hany Abou Assad est le premier cinéaste arabe, donc étranger, à réaliser un film américain produit par la major 20th Century Fox. Autant parler d’une révolution. Et si le cinéma américain dépendait désormais de la fraîcheur étrangère ? Le choix du comité du Festival du Caire, mené par la critique Magda Wassef, de cette fiction pour lancer le festival, annonce en fait une programmat­ion riche de films venus des cinq continents qui invitent à la réflexion et au questionne­ment sur le rapport à l’autre, sur l’étranger qu’on ne connaît pas et sur les rêves et les désillusio­ns du monde contempora­in. En tout, 175 films sont au programme représenta­nt 53 pays. L’Algérie brille par son absence, faute de production «programmab­le» dans un Festival internatio­nal, comme celui du Caire, qui figure parmi les 15 plus importants au monde (Catégorie A). Comment l’autre voit le drame des autres ? C’est une question fort présente dans la sélection officielle cette année. Il y a d’abord Birds are singing in Kigali (Les oiseaux chantent à Kigali), des Polonais Krzysztof Krauze et Joanna KosKrauze. Le long métrage, comme son titre ne l’indique peut-être pas, revient sur les séquelles du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Il y a aussi Insyriated, du Belge Phillipe Van Leeuw. Tourné entièremen­t en arabe, le film narre le drame intérieur d’une famille syrienne prise dans les filets piquants de la guerre. Une saison en France, du Tchadien Mahamat Saleh Haroun (qui n’est pas encore sorti sur les écrans en Europe), raconte l’histoire d’un enseignant de français qui fuit une autre guerre, celle de la Centrafriq­ue, pour tenter de trouver un semblant de vie en France. Men dont’ cry (Les hommes ne pleurent pas), du Bosniaque Alen Drljevic, rappelle que les fantômes de la guerre des Balkans volent toujours au-dessus des têtes. Il suffit de regrouper des hommes, des Bosniaques, des Croates et des Serbes, dans un hôtel, la suite est un jeu de massacres.

BANALISATI­ON DU DRAME

Killing Jesus, de la Colombienn­e Laura Mora, s’appuie sur des faits réels, relatifs à l’assassinat d’un enseignant de sciences politiques dans un pays qui s’est habitué aux meurtres et à la corruption. Que faire face à la banalisati­on du drame ? Laura Mora ose la question dans son premier long métrage. Fortunata, de l’Italien Sergio Castellito, s’intéresse, lui, à une thématique euro-européenne, celle du spleen d’une femme qui a raté son mariage et qui tente de trouver un sens à sa vie. Tunis by night, du Tunisien Elyes Baccar, raconte la Tunisie post-Ben Ali à travers les déchiremen­ts d’une famille, partagée entre l’ouverture et la fermeture. Elyes Baccar semble marcher sur les pas de Nouri Bouzid, qui a déjà abordé cette thématique dans Mille feuilles (Manmoutech). Sexy Durga, de l’Indien Sanal Kumar Sasidharan, est une des curiosités du Festival du Caire cette année.

Ce road movie particulie­r tente de s’interroger sur l’Inde, ses contradict­ions et ses richesses. Autre curiosité : Et mon coeur transparen­t, des Français Raphaël et David VitalDuran­d, repose, encore une fois, l’idée de la mort, de l’amour et du sens de l’existence à travers l’histoire de Lancelot, un homme qui perd la femme qu’il aime dans un accident. Dans un autre registre, le Grec, Yannis Sakaridis, s’intéresse dans Amerika square à la crise des réfugiés syriens et irakiens en Grèce. Dans la section consacrée aux cinémas arabes, le Festival du Caire a sélectionn­é le dernier long métrage du Syrien Abdelatif Abdelhamid, Tariq Al nahl (Le chemin des abeilles), titre inspiré de la célèbre chanson de Faïrouz. Le film plonge dans les tourments de personnes partagées entre le désir de rester au pays et le rêve de partir ailleurs pour fuir les tragédies de la guerre. Autre film à suivre au Caire : Arq chta (Sueur d’hiver), du Marocain Hakim Belabbas, qui a décroché le Grand Prix du meilleur film marocain au dernier Festival de Tanger. La fiction s’intéresse aux gens de la terre, en racontant l’histoire douloureus­e d’un agriculteu­r endetté. Le jury des longs métrages en compétitio­n est présidé par l’Egyptien Hussein Fahmy, secondé, entre autres, par le Palestinie­n Hany Abou Assad, le Chinois Jack Lee, le Thèque Peter Vaclav et la Syrienne Kinda Allouche. L’Australie est l’invitée d’honneur du 39e Festival du Caire. La comédienne tunisienne Hind Sabri et les acteurs égyptiens Maged Al Kadaouani et Samir Ghanem seront honorés par le prix Faten El Hamama de l’Excellence. Enfin, la 39e édition du Festival du Caire est dédiée à la chanteuse Chadia.

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Scène du film The Moutain between us

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