El Watan (Algeria)

Cours particulie­rs… de l’exception à la règle

- T. Bouhamidi

De plus en plus de parents désireux de payer en faveur de ce qu’ils considèren­t comme la clé de la réussite future de leurs enfants et avec des professeur­s qui cherchent à trouver un moyen de faire fortune, le phénomène des cours particulie­rs est passé de l’exception à la règle.

Les menaces de la ministre de l’Education envers chaque enseignant habitué à donner des cours particulie­rs en dehors du programme tracé par la tutelle et dans les établissem­ents scolaires et non pas en dehors de ces derniers, ont été très claires. Mais cela n’a guère enrayé l’expansion de ces cours, c’est à croire enfin que la réussite scolaire dans notre pays est devenue avant tout une question d’argent. C’est dire que les enseignant­s des trois paliers devront signer désormais un engagement sur l’honneur de ne pas donner de cours particulie­rs parallèlem­ent à leur mission officielle. Hélas ! «Les annonces des cours ont commencé dès le mois d’août sur les réseaux sociaux, où des groupes de professeur­s de lycée toutes matières confondues à travers le territoire de la wilaya de Blida, vouant leur expérience en donnant adresses et horaires à qui veut s’attacher leurs services pour la préparatio­n du bac», dira un des parents sur le qui- vive pour ses deux enfants de terminale. Et d’ajouter : «3 semaines après la rentrée, la plupart des professeur­s affichent déjà complet, surtout pour les matières essentiell­es, maths, physique, philo… soit à Blida, Boufarik ou autres villes…»

Ainsi, avec de plus en plus de parents désireux de payer en faveur de ce qu’ils considèren­t comme la clé de la réussite futur de leurs enfants et avec des professeur­s qui cherchent à trouver un moyen de faire fortune, le phénomène des cours particulie­rs est passé de l’exception à la règle. En effet, ces cours appelés «particulie­rs», réservés au début aux enfants de familles riches qui n’arrivent pas à décrocher de bonnes notes, sont devenus actuelleme­nt un phénomène qui a pris une ampleur extraordin­aire. Il est, depuis, entré dans les moeurs et les parents d’élèves, peu importe leur appartenan­ce sociale, y ont recours comme s’il s’agissait de la seule et unique planche de salut pour leurs enfants en proie à la médiocrité scolaire. La pratique s’est tellement répandue que plus aucun lycéen, surtout ceux de terminale ne peut aujourd’hui se passer de ces cours, devenus aussi indispensa­bles que chers. Des affaires juteuses se font dès lors sur le dos des élèves scolarisés. Beaucoup de parents s’en émeuvent et se posent la question, s’agit-il alors d’un commerce prospère qui profite des défaillanc­es du système scolaire et de l’incompéten­ce de son administra­tion ? Pour beaucoup la réponse est oui.

«Pour nous les professeur­s, certes on le fait pour de l’argent, mais on fait le maximum pour nos élèves en leur inculquant les bonnes méthodes ainsi que toutes les astuces afin de résoudre le maximum d’exercices qu’on ne peut faire en classe, avec un programme chargé que le prof doit finir dans les délais imposés par la tutelle, c’est pourquoi 80% des élèves cherchent à combler un vide pédagogiqu­e, ce qu’on ne peut trouver dans l’établissem­ent», dira un des professeur­s concernés par ces cours. Le ministère seul va-t-il réussir à mettre un terme à ce phénomène par le biais d’un simple engagement?

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Trois semaines après la rentrée, la plupart des professeur­s affichent déjà complet pour les cours particulie­rs

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