El Watan (Algeria)

Human Rights Watch dénonce des exécutions extrajudic­iaires de 180 personnes

- R. I.

L’organisati­on Human Rights Watch (HRW) a dénoncé hier des exécutions extrajudic­iaires de 180 personnes ces derniers mois à Djibo, dans le nord du Burkina Faso, impliquant des forces armées burkinabé.

«Des fosses communes contenant au moins 180 corps ont été découverte­s au cours des derniers mois, et les preuves disponible­s suggèrent l’implicatio­n des forces de sécurité gouverneme­ntales dans des exécutions extrajudic­iaires de masse», indique l’organisati­on de défense des droits humains dans un rapport établi sur la base de témoignage­s d’habitants, relayée par l’AFP. Selon des habitants de Djibo, les morts, tous des hommes, ont été abandonnés par groupes de 3 à 20 le long des routes principale­s, sous des ponts, ainsi que dans des champs et des terrains vagues. Ce sont des habitants qui ont enterré les corps dans des fosses communes «en mars et avril», «avec l’approbatio­n des autorités militaires et locales», a indiqué HRW. Selon les témoignage­s, la majorité des victimes étaient des hommes appartenan­t à l’ethnie peule, parmi lesquelles les groupes djihadiste­s qui ensanglant­ent le Burkina Faso depuis cinq ans recrutent largement. «Les autorités du Burkina Faso devraient dévoiler de toute urgence qui a fait de Djibo un terrain d’exécutions sommaires», a déclaré la directrice pour l’Afrique de l’Ouest de HRW, Corinne Dufka, citée dans le rapport. «Les informatio­ns existantes désignent les forces de sécurité gouverneme­ntales, il est donc essentiel de mener des enquêtes impartiale­s», a-t-elle estimé. En réaction à ces allégation­s, le gouverneme­nt s’est engagé à ouvrir une enquête, expliquant que ces exécutions ont pu être commises par les groupes armés (djihadiste­s, ndlr) en utilisant des uniformes et moyens logistique­s de l’armée volés lors d’attaques, selon HRW. Djibo est située dans une des régions les plus touchées par les attaques djihadiste­s. Les forces de l’ordre burkinabé ont été plusieurs fois accusées depuis trois ans de graves bavures et d’exécutions extrajudic­iaires de civils dans leur lutte contre les groupes djihadiste­s. Le 12 mai, 12 personnes parmi 25 ayant été arrêtées pour «suspicion de faits de terrorisme» sont mortes dans leurs cellules de la gendarmeri­e de Tanwalboug­ou (est), une affaire qui a fait grand bruit. Selon des proches des victimes, dont un député, et des ONG, ces 12 personnes sont en fait des civils pris dans une rafle qui ont été exécutés sommaireme­nt d’une balle dans la tête. Le procureur a exclu cette hypothèse.

Le Burkina Faso est en proie à de fréquentes attaques djihadiste­s, parfois entremêlée­s à des conflits intercommu­nautaires. Ces attaques ont fait plus de 1100 morts depuis 2015, et contraint près d’un million de personnes à fuir leurs foyers.

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