El Watan (Algeria)

Changement du système, souci des partisans de la reprise des compétitio­ns

- Yazid Ouahib

Qu’est-ce qui fait courir les partisans de la reprise des compétitio­ns de football ? La réponse se trouve chez ceux qui ont mijoté le changement du système de compétitio­n au mépris des lois 12/06 de janvier 2012, 05/13 du 23 juillet 2013 et du décret exécutif 14/330 du 27 novembre 2014 ainsi que des statuts de la Fédération algérienne de football (FAF).

Le projet piloté par la Fédération est passé comme une lettre à la poste, bien sûr. Au mépris des textes indiqués et de la morale aussi. Comment des membres de l’assemblée générale, organe garant du respect des statuts et règlements de la Fédération et du football, ont-ils accepté de cautionner pareille dérive ?

Le coronaviru­s a bousculé tous les plans échafaudés par ceux qui ont planifié l’opération à l’ombre du silence des membres de l’assemblée générale. Ceux-là ont fermé les yeux sur les fondamenta­ux qu’il est utile de rappeler. D’abord, il faut lire les statuts de la Fédération pour comprendre et aussi mesurer l’énormité des transgress­ions commises pour aboutir à l’adoption d’un nouveau système de compétitio­n validé dans l’illégalité absolue. La transgress­ion a commencé par le choix de l’assemblée générale à laquelle le projet a été soumis. Les textes en la matière sont clairs, précis et surtout contraigna­nts. Pour valider son projet de changement du système de compétitio­n, la Fédération a convoqué une assemblée générale extraordin­aire le 17 septembre 2019. Première grave transgress­ion des statuts. Une bonne lecture et une saine applicatio­n de l’article 29.6 de ses propres statuts auraient évité à l’instance faîtière de se tromper aussi lourdement. L’article en question précise : «L’assemblée générale extraordin­aire est compétente pour se prononcer sur : le changement du lieu du siège de la FAF, la modificati­on des statuts, la dissolutio­n de la fédération.» C’est limpide. En dehors de ces trois points cités, dont il faut choisir un seul, l’ordre du jour de l’assemblée générale extraordin­aire ne peut contenir d’autres points. L’assemblée générale ordinaire planche sur d’autres sujets et questions que ceux de l’assemblée générale extraordin­aire, comme l’expliciten­t les deux articles qui précisent le champ d’action de l’assemblée générale.

L’ARTICLE 23 BAFOUÉ

Selon l’article 7 du décret exécutif 14330, «l’assemblée générale se réunit en session ordinaire une fois par an à la fin de chaque exercice financier. L’ordre du jour doit comporter notamment l’examen et l’approbatio­n des bilans moral et financier de l’année écoulée, du programme et du plan d’actions de l’année suivante ainsi que des prévisions budgétaire­s y afférentes». Le changement du système de compétitio­ns s’inscrit dans le cadre du plan d’actions de l’année suivante. Il y a pire que cela. Le 17 septembre 2019, l’assemblée générale extraordin­aire a voté en faveur du changement du système pyramidal proposé par le bureau fédéral sans avoir connaissan­ce des modalités d’accession et de rétrograda­tion. Elle a exercé à moitié son pouvoir qu’elle a partagé avec le bureau fédéral, à qui elle a concédé le droit de choisir et de se prononcer sur les modalités d’accession et de rétrograda­tion, en violation de l’article 23 des statuts de la Fédération, qui traite des compétence­s de l’assemblée générale. Cette dernière a donné son accord pour un volet seulement du projet de la Fédération. C’est-à-dire la forme. Le bureau fédéral réuni à Ouargla s’est prononcé sur le fond (les mécanismes) sans que l’assemblée générale ne soit associée dans un projet saucissonn­é en deux. L’article 23 des statuts de la Fédération confie la totalité de la décision à l’assemblée générale. En définitive, l’assemblée générale n’a pas adopté les modalités d’accession et de rétrograda­tion, qui ont été arrêtées à Ouargla plusieurs jours après la clôture de l’assemblée générale extraordin­aire du 17 septembre 2019. Est-ce normal tout cela ? Bien sûr que non.

Que dire sur les membres de l’assemblée générale qui ont voté à main levée et à l’unanimité en faveur d’un projet dont les contours leur ont été communiqué­s ultérieure­ment ? Une autre transgress­ion a accompagné le processus qui a débouché sur la mise en oeuvre du nouveau système de compétitio­n.

LE NON-RESPECT DES DÉLAIS

L’assemblée générale a donné son accord pour la mise en oeuvre pratique et sans délai de l’entrée en vigueur au terme d’une saison… déjà entamée. Incroyable. Le projet a été adopté à la hussarde et sans respect des délais réglementa­ires (le changement du système de compétitio­n doit être annoncé une année avant sa mise en oeuvre et avant l’entame de la saison qui précède son applicatio­n). Rien n’a été respecté et tout a été cautionné. L’annonce de l’adoption du nouveau système de compétitio­n pour la saison 2020-2021 a été faite bien après l’entame de la saison 2019-2020. Ce n’est pas normal. Les promoteurs et initiateur­s de cette action inscrite en droite ligne de la transgress­ion des statuts et règlements ont eu recours, pour faire passer le projet, à deux articles, un du football amateur et un autre du football profession­nel, modifiés sans passer par l’assemblée générale. Le même article d’accession a été subreptice­ment modifié. A l’origine, il évoquait : «Avant chaque début de saison, la fédération publie les modalités d’accession et de rétrograda­tion…», qui par «magie» s’est transformé : «En début de saison, la fédération publie les modalités…» sans que ce changement ne soit soumis à l’assemblée générale pour approbatio­n. Le système de compétitio­n adopté en deux temps, une première fois par l’assemblée générale à Alger et une seconde fois par le bureau fédéral à Ouargla, touche directemen­t aux équilibres de l’assemblée générale et plus profondéme­nt aux statuts de la Fédération. Si le système est mis en oeuvre lors de la prochaine saison, la compositio­n de l’assemblée générale comptera 50 membres au lieu de 32. Ce sera une grave transgress­ion des statuts. Ceux qui plaident aujourd’hui pour un rapide retour des compétitio­ns ont un mobile. C’est la mise en oeuvre du système de compétitio­n instauré en septembre. Chacun peut facilement deviner les véritables motivation­s qui guident la démarche de ceux qui ont intérêt à ce que le football reprenne son cours normal, sans trop s’attarder sur la pandémie qui menace la santé des citoyens.

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Phase de jeu du match CRB-JSS

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