Acadie Nouvelle

Je ne peux pas…

Voilà un bout de phrase que l’on s’obstine trop souvent à dire. Un bout de phrase qui détient un pouvoir restrictif plus important que l’on pense. Je… ne… peux… pas…

- chroniquem­ieuxetre@gmail.com

Je ne peux pas jouer avec mes enfants, car je dois faire le ménage. Je ne peux pas prendre une année sabbatique du travail pour voyager (tel que j’ai toujours rêvé), car cela affecterai­t mon fonds de pension. Je ne peux pas imaginer me retrouver seule. Je ne peux pas sortir avec quelqu’un jusqu’à ce que je perde du poids. Je ne peux pas aller travailler, car cela diminuerai­t mes prestation­s d’assurance-emploi. Je ne peux pas lui révéler ce que je pense vraiment. Je ne peux pas prolonger mon congé de travail, car mon médecin dit que je suis prêt à retourner (même si je ne le suis pas). Je ne peux pas éteindre mon téléphone. Voici d’autres formulatio­ns semblables qui limitent autant (ou plus). Je ne peux jamais être performant lorsque nécessaire. Je ne suis pas capable de gérer mon temps. Je ne serai jamais capable de discuter calmement avec ma mère! Cette dernière tournure a une tonalité un peu dramatique, n’est-ce pas?

Je comprends que, parfois, on parle de ce que l’on ignore comment faire. Je ne peux

pas nager. Voilà un exemple qui est tout à fait légitime. Néanmoins, il est important de savoir que si l’on veut vraiment apprendre, on peut y arriver. Une reformulat­ion est donc conseillée. Je ne sais pas comment nager. Je n’ai jamais appris à nager. On laisse la porte ouverte…

QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE VRAIMENT?

Généraleme­nt, lorsque l’on dit je ne peux pas, on veut dire, je ne veux pas. Mais en se convainqua­nt que l’on ne peut pas, on se prive d’un pouvoir sur sa vie. Les mots ont une puissance inestimabl­e sur son inconscien­t!

La formatrice et auteure Odette Pelletier a banni de sa réalité la locution je ne suis pas capable de…

«Je l’ai remplacée par la question suivante: est-ce que je veux ou ne veux pas? Je base mes décisions ou mes choix sur la réponse à cette question. C’est correct de vouloir comme c’est correct de ne pas vouloir. Lorsque tu affirmes ce que tu veux ou ce que tu ne veux pas, tu affirmes ton pouvoir personnel.»¹

ILLUSTRATI­ONS

• Élia dit: «Je ne peux pas m’inscrire à un cours de danse jusqu’à ce que je retrouve la forme.» Au fond, la réalité est plutôt: «Je ne veux pas être essoufflée devant tout le monde. Je ne suis pas du tout en forme et j’ai peur que l’on me juge.» Élia peut au moins regarder la situation en face maintenant et décider ce qu’elle veut vraiment. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises décisions, il y a des décisions franches.

• Thomas dit: «Je ne suis pas capable de travailler avec cette personne-là.» Au fond, la réalité est plutôt: «Je ne veux pas travailler avec lui, car il a un caractère dominant; cela met à l’épreuve ma capacité de m’affirmer. J’ai peur de ne pas pouvoir y arriver». Encore ici, un choix s’impose. Il est important que Thomas soit honnête avec lui-même; il sera ainsi conscient de ses vrais motifs. Au fait, Élia a décidé de s’inscrire au cours de danse avant d’être «en forme» et elle est épanouie!

Soyons fidèles à nous-mêmes!

J’invite respectueu­sement vos partages et questions.

¹Pelletier, O. (1999). Refaire les connexions. Bellefeuil­le (Québec): Éditions de l’être, p.226.

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− Gracieuset­é Il faut se libérer du pouvoir restrictif du «je ne peux pas».
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