La chasse aux champignons, un sport d’automne
Qui dit automne, dit également chasse aux champignons. Ils sont nombreux à sillonner les champs et les forêts néobrunswickois à la recherche de ces petits délices, tout en profitant du grand air.
François Sormany est toujours enthousiaste de voir l’été tirer à sa fin. Il sait que l’heure de la chasse a sonné.
Armé d’un panier et d’un canif, il enfile une bonne paire de chaussures de marche, puis prend la direction de la forêt à la recherche de champignons.
Ces derniers tapissent les champs et les forêts, à ce moment-ci de l’année. La végétation et les feuilles en décomposition maintiennent le sol humide, et créent des conditions parfaites pour la prolifération de ces petits parasites.
À peine aventuré dans le premier sentier que l’homme âgé de 25 ans aperçoit son premier thalle de la journée. Il sort son couteau puis tranche la base de la tige d’un spécimen pour éviter d’endommager le mycélium.
«C’est comme des pommes. Le champignon est le fruit du mycélium, qui est en quelque sorte un arbre souterrain. Il faut éviter d’endommager l’arbre si on veut continuer d’avoir des pommes.»
Il manipule le champignon minutieusement, puis le retourne. Il s’agit d’une variété comestible d’un bolet, dit-il.
«On peut reconnaître les bolets en regardant sous le chapeau. Au lieu d’être des fines lamelles, ça ressemble à une texture d’éponge, avec de petites cavités.»
François Sormany chasse le champignon depuis quatre ans maintenant, mais son amour de la nature remonte à bien plus longtemps. Adolescent, il s’est renseigné sur comment reconnaître les plantes sauvages et comestibles. Il a multiplié les sorties en forêt. C’est là qu’il a remarqué à quel point il y avait de différents types de champignons.
«Je voyais qu’il y en avait beaucoup, de toutes les couleurs, de toutes les grosseurs et formes. Je suis un amoureux de la nature, alors j’ai voulu en apprendre plus. J’ai fini par m’acheter un livre pour les identifier, puis j’ai commencé par les petits.»
Poêlées, bouillies, ou en sauce; les façons d’apprêter le champignon sauvage sont aussi nombreuses qu’il y a d’espèces. Comme si leur goût savoureux n’était pas assez pour convaincre les fines bouches, ils sont bourrés de vitamines et de minéraux.
Mais il faut prendre garde: certaines espèces vénéneuses peuvent empoisonner ceux qui osent les mordre.
De ces variétés dangereuses, François Sormany prévient contre les champignons du genre amanite, de la famille des amanitaceae. Certains sont comestibles, mais une erreur peut s’avérer fatale… comme dans le cas de l’amanite vireuse, mieux connue sous le nom de l’Ange de la mort. Retrouvé au Nouveau-Brunswick, ce petit champignon entièrement blanc et à la forme irrégulière peut facilement être mépris pour une variété comestible, aux yeux d’un débutant.
«C’est juste beaucoup plus simple d’éviter les amanites et de ne pas tenter sa chance. Le risque est trop grand si on fait une erreur. Elles sont faciles à reconnaître à cause du bulbe qui se trouve à leur pied.»
François Sormany se veut toutefois rassurant: les espèces vénéneuses ne sont pas nombreuses dans les forêts du NouveauBrunswick.
Le truc par excellence pour départir les champignons vénéneux des comestibles après la cueillette est de faire une sporée, selon lui. Il s’agit d’enlever les chapeaux des champignons et de les déposer sur une feuille noire pour la nuit. Le lendemain, les spores seront toutes tombées sur la feuille, laissant des taches de couleurs différentes.
Il devient alors beaucoup plus facile de les identifier, car les couleurs des sporées sont détaillées dans les manuels d’identification des champignons, explique-t-il.
«C’est incroyable toutes les couleurs que tu peux avoir: brun, jaune, mauve, vert, rouge… Je fais habituellement plein de sporées sur une seule page, et on dirait presque une oeuvre d’art chaque fois. C’est tellement beau.»
L’étudiant à la maîtrise à l’Université de Moncton encourage tous ceux qui songent à effectuer la cueillette de champignons à se procurer un manuel d’identification. Il s’agit d’un sport contagieux, même compétitif, prévient François Sormany.
«On a un groupe sur Facebook où on compare nos prises. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça la chasse aux champignons. Tu vas dans le bois et tu ne sais pas si tu vas en trouver, mais quand tu trouves, c’est tellement satisfaisant. Tu veux juste le montrer à tout le monde.»
L’Acadie Nouvelle a tenté d’en savoir plus sur les meilleurs endroits où trouver des champignons dans la région du Grand Moncton, mais il a été impossible de lui tirer les vers du nez.