Les changements climatiques et l’avortement influencent le vote conservateur
Le Parti conservateur est confronté à un dilemme: s’il s’engage plus fermement à ne pas rouvrir le débat sur l’avortement et à présenter un plan plus résolu de réduction des émissions de gaz à effet de serre, recevra-t-il un plus grand appui?
Un nouveau sondage laisse entendre que la réponse à cette question est... compliquée.
Selon ce sondage mené par la firme Léger et l’Association d’études canadiennes, 23% des personnes interrogées sont plus susceptibles de voter conservateur si le parti s’engageait clairement à ne pas rouvrir le débat sur l’avortement ou à ne pas permettre aux députés de déposer une loi sur la question. Quarante-quatre pour cent ont dit que cela ne changerait pas la probabilité, tandis que 13% ont déclaré que cela les rendrait moins susceptibles de voter pour les conservateurs.
Parmi les répondants qui ont l’intention de voter conservateur au prochain scrutin, 31% disent qu’une position plus ferme pour mettre un terme à ce débat les persuaderait davantage contre 17% qui pourraient changer d’avis. Pas moins de 38 % disent que la position du parti sur ce sujet ne les influencera pas.
Le sondage a aussi cherché à savoir si les électeurs pouvaient être convaincus si le parti présentait un plan global de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Dans l’ensemble, 32% des personnes interrogées pourraient être plus susceptibles de voter conservateur contre 11%. L’enjeu n’influencerait pas 44% des répondants.
Un électeur enclin à voter conservateur sur trois croit qu’un tel plan renforcerait leur intention, contre 16% qui disent que cela les ferait changer de camp. Un plan de lutte contre les gaz à effet de serre n’influencerait pas 46% de ces répondants.
Le sondage a été mené en ligne du 19 au 21 juin auprès de 1521 adultes canadiens. On ne peut lui attribuer une marge d’erreur, car on ne considère pas leur échantillon comme étant aléatoire.
Il a été réalisé après les deux débats opposant les quatre candidats à la direction du Parti conservateur. Au cours de ces joutes oratoires, l’avortement et les changements climatiques ont été des questions clés.
Quelles sont les positions respectives des candidats ?
AVORTEMENT
Leslyn Lewis promet quatre politiques spécifiques pour lutter contre l’avortement: une interdiction des avortements sélectifs en fonction du sexe, des mesures pour protéger les femmes contre les avortements forcés, un soutien accru aux centres de grossesse en crise et la fin du financement des avortements à l’étranger.
Peter MacKay soutient les droits à l’avortement. Il a précédemment déclaré qu’il ne permettrait pas à son cabinet de voter en faveur de tout projet de loi limitant l’avortement. Plus récemment, il a dit espérer que tous les députés adhéreront à la politique officielle du parti de ne pas rouvrir le débat. Toutefois, il autorisera des votes libres sur les questions de conscience.
Erin O’Toole a reconnu qu’il était «pro-choix», car c’est le droit de la femme d’avoir un avortement. Du même souffle, il croit que les députés peuvent présenter les projets de loi qu’ils souhaitent et qu’ils peuvent voter selon leur conscience.
Derek Sloan a un «plan pro-vie» en 12 points. Parmi ceux-ci, il veut abroger la politique officielle du parti consistant à ne pas présenter un projet de loi visant à limiter l’avortement. Il veut que quiconque blesse une femme enceinte soit aussi inculpé pour avoir blessé un foetus.
RÉDUIRE LES ÉMISSIONS
Si aucun des quatre candidats ne soutient la taxe sur les émissions de carbone, leur programme respectif contient certaines différences sur la lutte contre les changements climatiques.
Mme Lewis promet un développement des ressources «responsable» qui encouragerait les investissements et les innovations écologiques tout en finançant des pratiques de conservation. Elle veut aussi encourager les entreprises à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le programme de M. Mackay énumère cinq moyens pour réduire les émissions: remplacer le charbon au Canada et dans le monde, investir dans la séquestration du carbone, «réaliser des progrès technologiques», accroître les efforts de conservation et mener des grandes consultations.
M. O’Toole dit vouloir travailler avec l’industrie pour atteindre la carboneutralité dans les secteur du pétrole et du gaz grâce à l’utilisation de technologies. Selon lui, le Canada aidera à réduire les émissions mondiales en exportant notamment de la technologie nucléaire et en aidant les autres pays à ne plus utiliser du charbon.
M. Sloan veut retirer le Canada de l’accord de Paris sur le climat, qui fixe l’objectif de réduire les émissions de 30% par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030. Ses engagements énumérés à ce jour sont muettes sur les changements climatiques. ■