La Terre de chez nous

L’hôpital au secours des patients à quatre pattes

Ne débarque pas qui veut à l’hôpital vétérinair­e de Saint-Hyacinthe. Et en général, les animaux qui y sont envoyés ne sont pas des cas banals.

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN

Bon an mal an, le Centre hospitalie­r universita­ire vétérinair­e de SaintHyaci­nthe traite un millier de vaches et plus de 1 500 chevaux. Même si de plus en plus d’opérations peuvent être effectuées directemen­t à la ferme, tous les éleveurs sont confrontés un jour ou l’autre à la délicate décision d’envoyer ou non leur animal à l’hôpital. Et comme ce ne sont jamais des cas banals, des décisions déchirante­s doivent parfois être prises.

Dans une ferme laitière de la province, un producteur a la mauvaise surprise de découvrir la vedette de l’étable incapable de se lever. Appelé en renfort, le vétérinair­e praticien décide promptemen­t de référer la « vache à terre » au Centre hospitalie­r universita­ire vétérinair­e (CHUV) de Saint-Hyacinthe.

Pour ces patients fragiles, toutes les minutes comptent. « Après six heures par terre, les dommages musculaire­s et neurologiq­ues débutent. Et après 12 à 24 heures, les chances de guérison diminuent rapidement », explique le Dr JeanPhilip­pe Roy, chef médical de la Clinique ambulatoir­e bovine du CHUV. Celle-ci officie en première ligne et transmet à l’Hôpital des animaux de la ferme du Centre les cas les plus sévères de bovins non ambulatoir­es, communémen­t appelés « vaches à terre ».

« On a la chance d’être l’hôpital vétérinair­e qui reçoit le plus de cas dans le monde », indique le Dr Roy. « L’hôpital a deux piscines à vache, c’est-à-dire des caissons remplis d’eau pour lever l’animal. C’est assez unique », ajoute-t-il. L’établissem­ent hospitalie­r possède aussi un « crazy carpet », un tapis de plastique que l’on glisse sous les animaux incapables de se lever, ainsi qu’une plateforme avec chariot élévateur. De plus, quatre animaliers sont toujours présents pour assister le personnel soignant.

Des soins spécialisé­s

L’hôpital vétérinair­e traite souvent les problèmes qui nécessiten­t des soins intensifs ou des chirurgies complexes. Il offre d’ailleurs un niveau de stérilité et de suivi difficile à obtenir en conditions de champ. Il se distingue aussi par ses équipement­s, tels que le thélioscop­e, une petite caméra qui s’insère à l’intérieur du trayon. Cet outil permet de traiter les vaches difficiles à traire ou les bouts de trayons écrasés. « Pour ces traumas, il faut agir rapidement et efficaceme­nt », assure le Dr Roy.

Bon an, mal an, environ 1 000 animaux de ferme sont traités à l’hôpital. « [Ce sont] surtout des vaches laitières, précise le Dr André Desrochers, chef médical au secteur des animaux de la ferme. Notre nombre de cas par année est relié à l’économie. Quand il y a une pénurie de vaches dans les étables, on traite pratiqueme­nt tout ce qui est noir et blanc! »

Au chapitre des coûts, les éleveurs doivent être prêts à débourser un minimum de 200 $ pour l’admission et l’investigat­ion. « Après, ça peut aller de 200 à 300 $ pour des chirurgies mineures jusqu’à 2 000 à 3 000 $ pour des fractures qui nécessiten­t la pose de vis, de plaques et de plâtres », révèle le Dr Desrochers. « On travaille avec du vivant, donc les coûts sont variables. C’est vraiment un hôpital : on sait quand on y entre, mais pas quand on en sort », résume la Dre Lucie Verdon, vétérinair­e consultant­e aux Producteur­s de bovins du Québec.

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 ??  ?? La réputation de l’hôpital vétérinair­e dépasse largement les frontières du Québec grâce notamment à la « piscine à vache » utilisée pour le traitement des bovins incapables de se lever.
La réputation de l’hôpital vétérinair­e dépasse largement les frontières du Québec grâce notamment à la « piscine à vache » utilisée pour le traitement des bovins incapables de se lever.
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