Le Devoir

Santos promeut la paix après un attentat à la bombe

- VALERIA PACHECO à Bogotá

Le président Juan Manuel Santos a défendu dimanche la paix en Colombie, au lendemain d’un attentat à la bombe ayant tué à Bogota trois femmes dont deux Colombienn­es et une Française, et offert une récompense pour toute informatio­n permettant d’en identifier les auteurs.

«Avec la paix, avec la réconcilia­tion, nous avons beaucoup avancé pour assurer la tranquilli­té des Colombiens », a lancé le chef de l’État, récompensé en 2016 d’un Nobel de la paix pour ses efforts afin de tourner la page du conflit armé déchirant le pays depuis un demi-siècle, le plus ancien d’Amérique latine.

Le chef de l’État, qui s’est rendu sur les lieux de l’explosion, provoquée par un engin placé derrière un siège des toilettes pour femmes d’un centre commercial, a annulé son déplacemen­t prévu ces prochains jours au Portugal.

Il a en revanche maintenu sa visite en France où il se réunira mardi avec son homologue Emmanuel Macron, qui a exprimé dans un tweet sa « tristesse et [ses] condoléanc­es » aux proches de la victime française, Julie Huynh, 23 ans, «engagée bénévoleme­nt à Bogota».

Les autorités ont «trois hypothèses concrètes» sur les auteurs de cet attentat, a-t-il précisé après une réunion avec les hauts responsabl­es des forces publiques, refusant de donner plus de détails pour ne pas «porter préjudice à l’enquête » et offrant une récompense de 100 millions de pesos (environ 33 000dollars) « à toute personne qui nous donnerait des informatio­ns pouvant aider à capturer les responsabl­es ».

Cet attentat survient alors que les Forces armées révolution­naires de Colombie (FARC) doivent terminer mardi de remettre leurs armes à l’ONU, dans le cadre de l’accord de paix signé en novembre.

Sur Twitter, le chef des FARC, Rodrigo Londono, alias «Timochenko», a déploré l’attentat et exprimé sa solidarité avec les victimes.

La guérilla de l’ELN (Armée de libération nationale), a elle aussi condamné cet attentat «exécrable», sur le même réseau social. L’ELN négocie actuelleme­nt avec le gouverneme­nt qui espère ainsi parvenir à une paix complète après plus d’un demi-siècle de conflit armé — le plus ancien d’Amérique latine.

Sûrement pas les FARC ni l’ELN

Pour l’analyste Victor de Currea-Lugo, il est peu probable que l’attentat ait été commis par les FARC ou l’ELN. En revanche, «il y a des groupes paramilita­ires d’extrême droite qui sont responsabl­es du meurtre de militants sociaux et d’actions contraires à la paix », a expliqué à l’AFP ce professeur de l’Université nationale. Mais selon lui, le processus de paix «a sa propre dynamique et le soutien d’une partie de la société», il ne devrait donc pas être menacé par ce genre d’attaque.

L’attentat «ne peut venir que de ceux qui veulent fermer les chemins de la paix et de la réconcilia­tion », a estimé pour sa part «Timochenko». Dimanche matin, le centre commercial a rouvert ses portes, avec des mesures de sécurité renforcées et une affluence de visiteurs nettement moindre que d’habitude.

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