Le Devoir

L’art à pleines pages

En marge de l’exposition qu’ils présentent ensemble, Collectif blanc et Arprim proposent deux journées de réflexion et de dialogue sur le processus créatif derrière le livre et l’imprimé

- SOPHIE CHARTIER

Elles ont tenu différents événements entre expo et foire d’art en hommage à l’imprimé et à la microéditi­on hors des lieux traditionn­els de diffusion. Les deux têtes chercheuse­s de Collectif blanc, la designer Marie Tourigny et l’éditrice Catherine Métayer, s’allient maintenant au centre d’artistes autogéré Arprim pour proposer ce week-end un événement de réflexion et de dialogue autour du livre, sous toutes ses formes.

Pourquoi les artistes, les petits éditeurs, les auteurs — et on en passe — créentils des publicatio­ns expériment­ales? Pourquoi ces patients créateurs impriment, relient, tronquent, alignent et assemblent des objets, précieux, soit, mais souvent introuvabl­es et que peu de personnes consultero­nt?

C’est là quelques-unes des questions auxquelles tenteront de répondre les intervenan­ts invités à Huitième de

page, les deux journées de dialogue qui se tiennent en marge de l’exposition Édition/Forme/Expériment­ation.

Au programme de ces deux

jours, on promet happenings et lancements, mais aussi une table ronde, des échanges et des présentati­ons d’artistes et d’éditeurs. Il faut toutefois bien se garder d’appeler la chose colloque ou conférence, avertissen­t les deux profession­nelles derrière le projet.

«On voulait que ce soit quelque chose d’ouvert, explique Marie Tourigny. Nous, on se voit comme des actrices du milieu, des praticienn­es, donc on ne voulait pas quelque chose d’universita­ire ou de rigide. On veut que tous les gens qui s’intéressen­t à l’imprimé et au livre puissent venir. »

Au-delà du partage des connaissan­ces, essentiel et rare, c’est une véritable célébratio­n du processus artistique que proposent les deux femmes et leurs comparses. La publicatio­n et l’édition sont des domaines compartime­ntés, se désolentel­les. «On souhaite parler de la démarche artistique, mais aussi de la difficulté de faire des livres. Ces choses-là sont rarement mises en commun. C’est rare que les designers vont prendre le temps de discuter de ces choses-là avec des imprimeurs, des éditeurs.»

Un vecteur

À l’ère du virage numérique, qu’est-ce qui rassemble autant d’intervenan­ts autour de la publicatio­n expériment­ale? «On va se le dire, explique Catherine Métayer. Les publicatio­ns qui sont ici, les livres d’artiste, ce sont des objets faits avec passion et don de soi. Ces objets ne s’inscrivent pas dans une rentabilit­é économique. Tout le monde doit trouver sa voie créative à l’intérieur du processus, et nous, on trouve ça intéressan­t d’ouvrir ces discussion­s-là.»

«L’idée de la publicatio­n ou du livre, on voit à quel point ça peut devenir large, ajoute Emmanuelle Choquette, directrice générale d’Arprim. Ça devient un moyen, c’est beaucoup plus qu’un support.»

C’est difficile et contraigna­nt de publier. Mais si tant de gens et d’artistes s’y mettent, c’est pour la liberté qu’offre l’imprimé, selon Collectif blanc. «Les gens ont autant, sinon plus qu’avant de choses à exprimer, avance Marie Tourigny. Mais je crois surtout qu’ils ont envie de donner une plus-value à ce qu’ils ont à dire. »

« Plusieurs jeunes créateurs qui font du zine ou de la publicatio­n DIY vont trouver plus de liberté là-dedans que sur le Web, complète Catherine Métayer. Le Web est très instantané. Les gabarits sont très stricts. Si tu veux être en contrôle de tes moyens de production, du moins artistique, l’imprimé est la voie à suivre. »

Adapter le contexte

L’exposition en cours depuis novembre a été adaptée à celle que les deux femmes ont présentée à la galerie de l’UQO l’an dernier. Après quelques événements remarqués, Collectif blanc intègre ainsi la galerie traditionn­elle comme lieu de diffusion. Il semblait aller de soi de choisir Arprim, véritable repère des amateurs de papier de toutes formes.

Si le mariage entre les deux entités semble évident, les protagonis­tes ont voulu d’abord prendre leur temps. «C’était un peu essentiel que Collectif blanc se définisse d’abord en dehors de la galerie, avance Catherine Métayer. À l’UQO, c’est là qu’on a découvert qu’on pouvait conserver notre mandat de démocratis­ation dans la galerie, à l’intérieur du contexte de l’expo.»

Pour Arprim, il s’agit d’une union logique: «C’est une occasion d’établir une dynamique avec le public où les gens sont invités à manipuler, à prendre le temps de voir et de toucher l’expo. On remarque que les gens restent longtemps, et reviennent», dit Emmanuelle Choquette.

Ce que les organisatr­ices aimeraient avant tout, c’est que les gens en ressortent avec l’envie de manipuler, d’aimer, de s’imprégner des oeuvres imprimées qui ont fait l’objet de tant de passion et d’amour. «Un livre, c’est une énergie à saisir en soi. Le visage humain derrière le processus, c’est le projet artistique», conclut Emmanuelle Choquette.

L’événement est organisé en partenaria­t avec Artexte, bibliothèq­ue et archive de l’art contempora­in canadien. La journée de samedi s’y déroulera, mais il faut réserver pour cette date. L’activité est gratuite, avec des places limitées.

«C’est une occasion d’établir une dynamique avec le public où les gens sont invités à manipuler, à prendre reviennent.» le temps de voir et de toucher l’expo. On remarque que les visiteurs restent longtemps, et Emmanuelle Choquette, directrice générale d’Arprim

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR La directrice générale d’Arprim Emmanuelle Choquette, la designer Marie Tourigny et l’éditrice Catherine Métayer, fondatrice­s de Collectif blanc. Ce que les organisatr­ices aimeraient avant tout, c’est que les gens ressortent de l’événement avec l’envie...

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