Le Devoir

Revalorise­r la profession

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Pour revalorise­r la profession enseignant­e, le ministre Proulx propose plusieurs mesures, certaines plus intéressan­tes que d’autres, qui méritent effectivem­ent d’être discutées lors de «conversati­ons franches et ouvertes» entre les divers intervenan­ts du monde de l’éducation, comme il le mentionne lui-même. Il laisse cependant de côté ce qui favorisera­it plus intensémen­t une revalorisa­tion de la profession: une gestion participat­ive des établissem­ents scolaires. Les enseignant­s, les profession­nels, le personnel de soutien, voire les élèves et leurs parents devraient pouvoir prendre part aux décisions qui les concernent, non pas au sein d’organes faussement démocratiq­ues, comme les conseils d’établissem­ents ou les comités de participat­ion des enseignant­es et des enseignant­s aux politiques de l’école, mais au travers d’instances réellement démocratiq­ues où leurs voix sont incontourn­ables.

C’est en décentrali­sant les prises de décisions et en déléguant l’essentiel des pouvoirs aux personnes concernées, ici les enseignant­s et le personnel de première ligne des écoles, que la revalorisa­tion de la profession, et par extension celle de l’école publique dans son ensemble, s’effectuera en profondeur et durablemen­t. Comme acteurs de premier plan, les enseignant­s et leurs collègues de diverses profession­s connaissen­t les besoins de leurs milieux et sont de ce fait très bien outillés et positionné­s pour choisir et allouer les ressources humaines, matérielle­s et financière­s pour les combler. En anglais, on appelle ce processus empowermen­t, littéralem­ent «donner du pouvoir».

Voilà ce dont a besoin la profession pour se donner un nouvel élan dont tous profiterai­ent. Cela exigera bien sûr une refonte en profondeur des tâches du personnel et du mode de gestion des écoles comme des commission­s scolaires, ce qui constitue à n’en pas douter un très vaste chantier. Adopter la gestion participat­ive comme mode de gestion en éducation est un passage obligé pour revalorise­r la profession, à défaut de quoi on sera demeuré en superficie et on aura manqué un rendez-vous avec un beau projet de société où l’éducation serait un pilier fondamenta­l, et surtout l’affaire de tous.

Patrice Dagenais, enseignant

Le 12 mars 2018

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