Parent plutôt que père ou mère
Pour les couples homosexuels et les parents d’enfants trans, les notes fédérales dévoilées hier privilégiant l’usage du mot « parent » en lieu et place de « mère » et « père » dans les formulaires officiels de demande de numéro d’assurance sociale constituent un grand pas en avant.
« Revoir les façons de faire touche aussi les familles, car il y a de plus en plus de modèles atypiques, autant des familles homoparentales, monoparentales que reconstituées qui ont besoin de cette inclusion», affirme Alexe L. Dubois, directrice des communications pour le Conseil québécois LBTGQ. Mona Greenbaum, directrice générale de la Coalition des familles LGBT, applaudit aussi à cette mesure, qui arrive quinze ans après la reconnaissance des parents de même sexe par les lois du Québec.
« Il est temps que l’usage suive la loi. Nos droits sont protégés, mais ce pas supplémentaire est important pour les dizaines de milliers d’enfants qui vivent dans des familles homoparentales », dit-elle. Au Québec, seulement 15% des commissions scolaires seraient dotées de formulaires tenant compte de la reconnaissance légale des parents de même sexe, selon cet organisme. Quant à la directive fédérale prônant l’abandon des dénominations genrées dans les services offerts aux Canadiens, Kimberley Manning, directrice de l’Institut Simone de Beauvoir à l’Université Concordia, spécialiste des politiques sur le genre et mère d’un enfant trans, croit que cela facilitera la vie de dizaines de milliers d’enfants. «À l’hôpital et dans les milieux scolaires, l’identification genrée est souvent source de malaises et de discriminations pour bien des jeunes qui ne s’identifient pas à un sexe, surtout quand ils n’ont pas le soutien de leurs parents ou viennent de pays où l’on ne peut pas changer de statut. Il faudrait étendre cette vision à tous les formulaires officiels. Le gouvernement a bien d’autres moyens d’avoir cette information. »