Le Délit

Revelstoke, le 7 novembre

- Margot hutton Le Délit

Coucou,

J’espère que tu vas bien. Je m’ennuie de toi, tu sais. Tu as beau m’avoir dit qu’une fois que je quitterai la ville, tout serait différent, je ne le ressens pas, et ça fait déjà trois mois. Tu te rend comptes? Je n’ai pas grand chose à te raconter depuis la dernière fois que je t’ai écrit, mais bon. C’est la routine de la campagne on dirait. Je n’ai pas l’impression que les gens m’apprécient beaucoup ici. C’est vrai, j’ai tendance à parler trop fort, et à être un peu déconnecté du réel. Je ne pense pas que les gens d’ici comprennen­t ce genre de réalité, ou même qu’ils y accordent de l’importance. Seul leur train de vie compte. Pour moi, ils passent à côté de quelque chose de magnifique, mais bon. Et toi, comment ça va? J’ai appris que tu avais adopté un chiot, c’est quelle race? Est-ce que tu lui as trouvé un nom? J’ai hâte de rentrer pour pouvoir le rencontrer. Bon, il sera adulte à ce moment là, ça sera différent, mais bon. La ville me manque beaucoup. Marianne, Roger, Aline, me manquent énormément. Et toi aussi, tu me manques. T’ai-je dit que c’était ce qui m’avait fait hésiter dans ma décision? J’aurais tellement aimé vous embarquer avec moi dans mes bagages, le temps serait peut-être passé plus vite. Mais d’un autre côté, je me dis que les retrouvail­les n’en seront que plus belles. J’ai parlé de vous à mes collègues, mais ça n’avait pas l’air de les intéresser. Ici comme je te l’ai déjà dit, la vie est plutôt simple, comme si nous étions programmés à être comme ça. C’est paradoxal. J’ai quitté la ville pour explorer de nouvelles libertés, et me voilà enfermé entre quatre murs! J’ai mon échappatoi­re, ma fenêtre sur mes rêves, c’est vous. Et surtout toi, qui m’as dit de ne jamais abandonner. Je n’en serais pas là si tu n’avais pas été là tu sais? Oui, je suis assez émotionnel aujourd’hui. J’espère que ça ne te dérange pas, mais j’ai besoin de me libérer un peu de cet environnem­ent étouffant. Alors j’écris. Ça soulage. Ça me rappelle que le meilleur reste à venir, si tu vois ce que je veux dire. Sinon c’est à peu près tout. Encore une fois, même si c’est vraiment pas facile, je ne regrette pas mon choix. J’avais besoin de voir autre chose. Ça me permet de voir ce que j’ai et que je chéris sous un autre angle. Bon, je pense que je vais m’arrêter là pour cette fois, je n’ai plus rien à ajouter. Embrasse les autres pour moi, s’il te plaît, et dis leur qu’ils me manquent. Bisous,

Francis.

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