Vers un centre scolaire et communautaire à Labrador City ?
Une trentaine de personnes ont participé, le 7 mars dernier, à une consultation publique portant sur un éventuel agrandissement du Centre éducatif l’ENVOL, de Labrador City, en vue de sa transformation en centre scolaire et communautaire. Cette consultation était menée dans le cadre d’une étude de faisabilité commandée par la Fédération des francophones de Terre-Neuve et du Labrador (FFTNL) et financée par Patrimoine canadien à hauteur de 43 550 $.
La consultation était menée par une délégation composée de deux représentantes du Conseil scolaire francophone provincial (CSFP) et de deux représentantes de la FFTNL qui se sont déplacées de St. John's pour présenter le projet. Elles étaient accompagnées de deux ingénieurs de la firme SNC-Lavalin en Atlantique, à qui a été confiée la responsabilité de produire un rapport technique.
Fait à noter, la délégation a pris l'initiative de rencontrer le maire et les conseillers municipaux de Labrador City en matinée afin de leur exposer le projet avant même de le dévoiler aux principaux intéressés. Selon les représentantes de ces deux organismes, le conseil municipal local va appuyer cette démarche.
Présentation
Dans leur présentation, Kim Christianson, directrice générale du CSFP, et Stéphanie Bowring, vice-présidente interne de la FFTNL, ont d'abord expliqué qu'une consultation avait déjà eu lieu au préalable en novembre 2016 dans le cadre de l'étude sur la gouvernance communautaire au cours de laquelle les participants à Labrador Cityune dizaine selon les données obtenues par Le Gaboteur à la suite d'une demande d'accès à l'information, avaient manifesté le désir d'un tel centre. Il a aussi été spécifié que ce genre de concept a déjà fait ses preuves dans d'autres localités acadiennes et francophones minoritaires au pays.
Il a de plus été mentionné que bien que la population francophone du Labrador Ouest ait augmenté selon les deux derniers recensements passant de 280 à 315, soit un accroissement de 14 % de 2006 à 2011 et de 12,5 % de 2011 à 2016, il existe actuellement des difficultés de rétention des élèves francophones lors de la transition vers le secondaire. Le fait que le gymnase actuel de l'ENVOL est trop petit pour les besoins a également été souligné. L'objectif du projet présenté le 7 mars est de regrouper l'école et les organismes scolaires et communautaires francophones sous un même toit. Le nouvel aménagement devrait également accueillir d'autres organisations francophones à but non lucratif.
Propositions
Il n'y a pas eu de réelle opposition au projet au sein de la vingtaine de membres de la communauté francophone locale qui se sont déplacés pour l'occasion, mais on ne sentait pas non plus de grand enthousiasme. Ces derniers ont d'abord écouté la présentation avant d'être invités à poser des questions et donner leurs avis et suggestions.
Une fois les discussions amorcées, un large éventail de possibilités a été envisagé. Les personnes ayant pris part à l'exercice ont fait plusieurs suggestions incluant : l'ajout de locaux communautaires incluant une garderie et des bureaux, notamment pour loger des organismes francophones sans but lucratif tels le Réseau de développement économique et d'employabilité (RDÉE), les Femmes francophones de l'Ouest du Labrador (FFOL) et la radio communautaire CJRM FM, qui pourrait devenir un outil pédagogique pour les enfants. Les nouveaux espaces pourraient aussi servir à donner des cours de français qui sont en forte demande.
L'agrandissement de la scène pourrait favoriser de l'improvisation, du théâtre, des spectacles, une chorale. L'expansion du gymnase, qui deviendrait multifonctionnel, contribuerait à accueillir plusieurs disciplines sportives.
Bémols
Pearl Lee, une des pionnières de la vie communautaire francophone à Labrador City et membre du premier conseil d'administration du CSFP, en 1997, a soulevé un point important pendant ces échanges : le statut actuel du bâtiment de l'ENVOL (l'ancienne école McManus) demeure incertain et il y a confusion à savoir à qui appartient la bâtisse. « L'école et le terrain n'appartiennent pas au CSFP et ont été loués au départ exclusivement à des fins scolaires. Il va falloir éclaircir ce point important au préalable », a fait remarquer madame Lee.
D'autres personnes présentes, notamment le directeur général de l'Association francophone du Labrador, Michel Bourbeau, ont exprimé leur attachement à la forte symbolique de l'édifice actuellement occupé par l'AFL au 380 Hudson Drive, dont les membres sont propriétaires et qui a selon eux une valeur historique. Selon monsieur Bourbeau, les membres considèrent que cet édifice devrait être exempté de cette démarche en demeurant à son emplacement stratégique actuel en face de l'hôtel de ville de Labrador City, et que l'AFL occupe depuis plus de quatre décennies.
Une autre membre de l'AFL, Julie Cayouette, s'est pour sa part montrée favorable à l'idée d'un nouveau centre et considère que plusieurs aspects seraient bénéfiques à la communauté, mais a également manifesté son malaise à ce que les racines de l'AFL, qui constituent les fondements de la petite collectivité francophone d'origine québécoise et acadienne depuis 1973, et même dans une certaine mesure celles de la FFTNL, soient replantées ailleurs.
Selon madame Cayouette, l'AFL est très bien située et il faut conserver la localisation actuelle et faire attention à ne pas tendre vers une ghettoïsation des francophones en les écartant de la société qui les entoure. « Un tel centre pourrait parfaitement bien avoir plus d'une adresse », a-t-elle avancée.