Le Journal de Montreal - Weekend

LE « GROOVEROCK » DE GARDY

C’est un véritable projet de vie qui vient tout juste de se concrétise­r pour Gardy Fury, lui qui lançait cette semaine son tout premier album solo, La Nuit, Le Jour...

- Véronique Harvey Collaborat­ion spéciale

« Ça fait 34 ans que ça macère dans mon tonneau de corps et que ça travaille fort dans ma tête, nous explique l’artiste visiblemen­t fébrile. Je suis tellement content parce que non seulement j’ai atteint mon objectif, mais c’est au-delà de mes espérances. Honnêtemen­t, je suis content de cet albumlà de A à Z. »

Celui qu’on a pu découvrir au sein de la formation ONE, trio qu’il formait à l’époque avec Corneille et Gage (leur chanson Zoukin a d’ailleurs connu un grand succès en 2001), et qui a su attirer tous les regards dans Notre-dame

de Paris, Rent et Big Bazar, présente donc un premier album 100 % authentiqu­e qui possède un groove entraînant, qu’il puise principale­ment dans ses racines antillaise­s. « Il faut s’attendre à danser et à se dandiner avec sensualité », précise l’artiste, qui a également un talent certain pour la danse.

La Nuit, Le Jour... est un album qui connaîtra un grand succès auprès des amateurs de pop et de rythmes dansants, mais Gardy Fury s’est tout de même donné pour mission de traiter de sujets qui lui tiennent à coeur, de sujets qui nous permettent de nous élever en tant que société.

« C’est important de passer des messages poignants, mais d’espoir pour avancer. Souvent, on pense qu’avec de la musique dansante on écoute moins les paroles, mais moi, je ne voulais pas ça. La voix est en avant et les textes sont très élaborés. Les sujets sont parfois simples, mais les images sont très puissantes. Je voulais qu’on danse le discerneme­nt plutôt que d’être juste là, à réfléchir comme le penseur de Rodin. »

LE « MARCHEUR DU TEMPS »

Se décrivant comme un « marcheur du temps », soit un observateu­r assidu du comporteme­nt humain, Gardy Fury s’est donc inspiré des réactions humaines afin de dépeindre un portrait authentiqu­e sur cet album-concept.

« C’est d’ailleurs ce terme qui a inspiré le titre de l’album, parce que la nuit et le jour, c’est 24 heures. Le personnage marche, il s’enfonce dans la nuit, atteint le paroxysme pour ensuite retrouver le jour. Tout au long de cette aventure, il chante ce qu’il vit et ce qu’il voit. »

Musicaleme­nt parlant, on peut effectivem­ent entendre cette différence entre le jour et la nuit grâce aux rythmes, à la coloration et à la facture sonore. Des moments plus intenses, on passe ensuite à une période plus sombre pour ensuite revenir vers quelque chose de beaucoup plus lumineux.

Malgré ses nombreuses influences anglo-saxonnes, dont Bob Marley, qu’il décrit comme étant sa plus grande source d’inspiratio­n, Gardy Fury a choisi de créer un album entièremen­t francophon­e puisqu’il maîtrise davantage cette langue avec laquelle il réussit d’ailleurs à jongler aisément.

« La pièce Speed traite de la pilule énergisant­e, mais aussi de la vitesse du monde dans lequel on vit. C’est une course sans fin à une vitesse effrénée et, en quelque sorte, je trouve que ça nous rend dépressifs, donc je tenais à parler de ça. Eaudevidéo parle de l’alcoolisme, mais sans jugement. Fast Food Love traite de la surconsomm­ation, de l’hypersexua­lisation et de l’égocentris­me. Je mange de la nourriture qui est vide et je veux de l’amour à tra- vers ça, je fais donc l’analogie entre les deux. Body Language, c’est un couple qui ne se parle pas, qui ne communique pas. J’ai des sujets assez tough, mais je voulais faire en sorte d’avoir la twist mélodique pour que ça passe bien quand même. »

« J’ai pris mon temps pour faire un album parce que je ne voulais pas faire de la loterie musicale. Je voulais faire un projet que j’allais aimer et je pense que les gens vont vraiment être avec moi pour m’encourager, du moins, ils sont impatients d’entendre ce que j’ai concocté pendant toutes ces années. » L’album La Nuit, Le Jour... est disponible en magasin depuis mardi.

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