Le Journal de Montreal - Weekend

cinéma

Jean-claude Lauzon Il y a 25 ans, le film Un zoo la nuit faisait sensation au Festival de Cannes, et lançait de façon spectacula­ire la carrière d’un grand cinéaste québécois : Jean-claude Lauzon.

- Maxime Demers MAXIME. DEMERS@ QUEBECORME­DIA. COM

« Jean-claude était dans une classe à part, lance le producteur Pierre Gendron qui a travaillé avec Lauzon sur Un zoo la nuit.

« Il a réalisé seulement deux longs métrages ( Un zoo la nuit et Léolo), mais ils ont tous les deux marqué le cinéma québécois. Il avait toute une personnali­té et un véritable talent brut. Je suis fier d’avoir eu la chance de travailler avec lui. »

Venu du milieu de la publicité, JeanClaude Lauzon avait 33 ans lors de la sortie de Un zoo la nuit. Le film racontait l’histoire d’un ex-détenu (Gilles Maheu) qui essaie de reprendre sa vie en main à sa sortie de prison en tentant notamment de se rapprocher de son père malade (Roger Lebel).

Sélectionn­é à Cannes en 1987, le film remporte 13 prix Génie l’année suivante, un record à l’époque.

Cinq ans plus tard, Lauzon frappait un autre grand coup avec le très personnel Léolo, considéré encore aujourd’hui comme un des meilleurs films québécois de tous les temps.

Malheureus­ement, le réalisateu­r qu’on surnommait souvent « l’enfant terrible du cinéma québécois » est décédé cinq ans plus tard, à 43 ans, quand, lors d’un voyage de pêche, le petit avion qu’il pilotait a percuté une montagne dans le Nord du Québec. Sa compagne, la comédienne Marie-soleil Tougas, était à ses côtés.

DÉBUTS DIFFICILES

Pierre Gendron était un bon ami de Jean-claude Lauzon. Il l’a connu au milieu des années 1980, alors qu’il produisait Un zoo la nuit avec Roger Frappier. Ils sont restés très proches jusqu’à la mort de Lauzon, en août 1997.

« Jean-claude était venu me voir avec le scénario de Un zoo la nuit après que j’ai eu produit mon premier long métrage, Sonatine (de Micheline Lanctôt), se souvient Gendron ( Le dernier tunnel, Les 3 P’tits Cochons, 10 1/2).

« Le projet a été long à financer. Les institutio­ns étaient réticentes. On a essayé de trouver un coproducte­ur, en vain. »

Le tournage n’a pas été simple non plus.

« Jean-claude avait son caractère et était difficile, mais il faisait ses devoirs. Les fins de semaine, pendant la pré-production, il embarquait sur sa moto, mettait son walk-man sur ses oreilles et partait chercher les endroits où tourner les scènes de son film. Il revenait avec des tas de photos. »

PREMIÈRE STRESSANTE À CANNES

Exploit rare pour un premier long métrage, Un zoo la nuit est sélectionn­é au Festival, en ouverture de la section parallèle La Quinzaine des réalisateu­rs.

« À l’époque, c’était la guerre entre la Quinzaine et la sélection officielle de Cannes, rappelle Pierre Gendron. La Quinzaine, dirigée alors par Pierre-henri Deleau, était plus prestigieu­se qu’aujourd’hui. »

Mais leur arrivée sur la Croisette ne se déroule pas aussi bien que prévu. La veille de la première, Pierre-henri Deleau sème le doute dans leur tête.

« Il nous a dit qu’il y avait eu une projection pour des journalist­es à Paris et que ça ne s’était pas bien passé, raconte Gendron.

« Il a ajouté qu’il n’aurait pas dû programmer le film en ouverture et qu’il le regrettait. Frustré, Jean-claude s’est levé et est parti. On était tous déprimés.

« Le soir de la projection, on était donc tout petits dans nos vestons. La salle était comble. C’était dans l’ancien Palais, dans la grande salle. Avec ce que nous avait dit Pierre-henri Deleau la veille, on craignait le pire. On avait des sueurs froides.

« Finalement, c’est le contraire qui s’est produit : l’accueil a été formidable. Il y a eu une longue ovation pendant tout le générique final et pendant la chanson de Brel à la fin. On n’en revenait pas. Ç’a été la folie par la suite. Jean-claude a enchaîné les entrevues le lendemain., on a vendu le film en France et aux ÉtatsUnis. Le buzz était tellement bon qu’on était convaincus que Jean-claude remportera­it la Caméra d’or. »

OUVERT LA VOIE

Un zoo la nuit est sorti en salle au Québec peu de temps après la première à Cannes et est resté à l’affiche pendant un an. Il a aussi été projeté au

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