Le Journal de Montreal - Weekend
VISITE AU PAYS DE DARWIN
Je vous partage dans cet article le récit d’un voyage mémorable parmi les requins. Les Îles Galapagos ne sont pas souvent fréquentées par les touristes et ceux qui s’y rendent ne visitent pratiquement jamais les îles Wolf et Darwin, puisqu’on ne peut y mettre pied à terre. Cependant, pour un plongeur comme moi, ceci est le summum pour l’observation des requins marteaux qui s’y rassemblent par milliers. On y plonge sans la protection d’une cage. Je suis instructeur et propriétaire d’un centre de plongée depuis plusieurs années, mais ce n’est qu’au cours des 3 dernières années que ma passion pour l’observation des requins est devenue virulente. Depuis, je compte des dizaines d’expéditions dans des endroits exclusifs pour plonger avec ces magnifiques créatures.
POUR S’Y RENDRE
Après avoir atterri à San Cristobal, nous embarquons sur le Deep Blue, un vaisseau de 35 mètres. La traversée durera 20 heures (200 km de San Cristobal) et la mer peut devenir agitée avec des vagues atteignant jusqu'à 5 mètres! Il vaut mieux avoir le pied marin étant donné la petite taille du ba- teau. Durant cette longue attente, j’en profite pour faire connaissance avec d’autres passionnés provenant de pays tels que la Suisse, l’Argentine, les États-Unis, la Turquie, etc.
UN BATEAU CROISIÈRE PARTICULIER
Ce bateau sera notre hôtel flottant pour le séjour de 7 nuitées. À bord, il y a 8 chambres étroites pour un maximum de 16 passagers payants. Les repas sont servis par les cuisiniers dans une petite salle à manger commune. Les ponts, plus spacieux, servent d’aire commune pour socialiser avec les autres membres de l’expédition. C’est là que nous passons la majeure partie de la traversée à se raconter nos diverses expéditions de plongée ou à faire l’observation de dauphins, tortues, baleines et orques depuis la surface. Sinon, nous sommes dans nos chambres ou occupés à négocier pour l’utilisation des quelques prises nécessaires pour y recharger nos multiples appareils électroniques ou utiliser l’espace restreint pour préparer nos complexes équipements photographiques. Dans mon cas, je partage l’espace avec ma conjointe. La négociation peut être parfois plus facile, parfois plus serrée qu’avec un étranger…
ENFIN LA PLONGÉE!
Arrivés à l’île Wolf, la rencontre avec les requins marteaux commence dès la première plongée. On y rencontre aussi, de façon fréquente, d’autres espèces de requins, comme le Requin Gris, le Pointe Blanche et, bien entendu, le Requin du Galapagos. On nous dit que le spectacle sera encore plus grandiose à Darwin. Sur un site de plongée nommé «le théâtre», on s’assied carrément sur le dessus d’un plateau, les pieds pendants vers le fond de cette montagne sous-marine. J’assiste à une véritable parade de plusieurs centaines de requins marteaux pendant que les Raies Marbrées et Raies Léopards déambulent sans réussir à attirer mon attention. Je peux observer tranquillement ces majestueuses espèces jusqu’à ce que j’atteigne ma limite d’air disponible.
Revenus sur le bateau, tous iront prendre un bon souper en se racon-
tant comment ils ont vécu cette expérience unique au monde. Ce qui me fascine, c’est d’observer une espèce qui existe depuis plus de 400 millions d’années, mais qui a dû s’adapter pour survivre. Si seulement Darwin lui-même avait pu voir ce spectacle! Comme toute bonne histoire a une fin, je dois revenir au port. Nous entreprenons donc le long chemin du retour. J’en profite pour faire le tri des milliers de photos accumulées, ce qui m’inspire déjà pour ma prochaine destination voyage. J’ai entendu parler d’une île des Bahamas nommée Cat Island. Il paraît que l’on peut encore y observer le Requin Océanique.