Le Journal de Montreal - Weekend

UN SHERLOCK HOLMES SURPRENANT…

Ce n’est pas pour les intrigues policières qu’on apprécie ce Sherlock Holmes mis en scène par Bill Condon et interprété par Ian McKellen.

- Isabelle Hontebeyri­e

Film de Bill Condon. Avec Ian McKellen, Milo Parker et Laura Linney.

Mr. Holmes (Ian McKellen), c’est Sherlock Holmes. Mais nous sommes bien éloignés du détective d’Arthur Conan Doyle. Celui-ci a 93 ans et commence à oublier les enquêtes qui l’ont rendu célèbre. C’est un frêle vieillard au pas incertain qui se rend dans sa maison de campagne, tenue par Mme Munro (Laura Linney) et son jeune fils Roger (Milo Parker).

Là, le Monsieur Holmes en question a deux occupation­s, s’occuper de ses abeilles et écrire un roman, chronique d’un mystère élucidé il y a 30 ans, mais dont la fin littéraire (écrite par le docteur Watson, que l’on ne voit jamais) ne le satisfait pas, car il la sait fausse. Ajoutez à cela un soupçon supplément­aire d’inconnu avec les retours en arrière d’un récent voyage au Japon effectué par le détective afin de se procurer une plante censée retarder les effets de sa sénilité.

INTROSPECT­ION

Tout en se liant d’amitié avec Roger, Holmes se remémore son passé – en profite au passage pour égratigner la légende construite autour de lui: non, il n’a jamais fumé la pipe, il préfère le cigare, pas plus qu’il ne porte de chapeau – et, au passage, se livre à une introspect­ion. Car ici, le scénario de Jeffrey Hatcher, qui a adapté le roman A Slight Trick of the Mind de Mitch Cullin, paru en 2005, suit un homme face à la maladie et à la mort, qui se questionne sur sa personne et sur les erreurs commises en chemin.

Ce Mr Holmes n’est pas facile d’accès. Le début de ce long métrage de 108 minutes est laborieux, les intrigues policières n’ayant rien de passionnan­t. On s’ennuie presque jusqu’à ce que l’on commence à comprendre où l’histoire va nous mener. Quelques moments particuliè­rement magiques (le personnage en train de regarder ses aventures au cinéma, l’apprivoise­ment du vieillard par le jeune Roger) et empreints de poésie ajoutent à l’émotion qu’on ressent. Et que dire de la prestation impeccable de Ian McKellen en homme qui se questionne sur la solitude.

On ne va donc pas voir Mr Holmes pour assister à une énième enquête ou pour avoir une autre vision du héros de Conan Doyle – la version cinématogr­aphique de Guy Ritchie avec Robert Downey Jr. ou celle, télévisuel­le, qui met en vedette Benedict Cumberbatc­h sont encore fraîches dans les esprits –, on y va pour se plonger dans la psychologi­e d’un homme fascinant.

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