Le Journal de Montreal - Weekend
SOUVENIRS DE VOYAGES
Cette semaine, je reviens sur ce petit pays méconnu des Caraïbes, Trinidad et Tobago, pour parler d’un peuple qui m’a étonné. La minorité hindoue de Trinidad commence à mal porter son nom puisqu’elle est à quelques points de pourcentage près de devenir la majorité.
La dernière fois que j’ai vu autant d’Indiens, c’était… en Inde! Quand l’esclavage des Noirs a été aboli, les grandes plantations ont «importé» une nouvelle main-d’oeuvre à exploiter, cette fois originaire des Indes britanniques. Le grand romancier V. S. Naipaul, prix Nobel de littérature en 2001, est un hindou originaire de Trinidad et Tobago.
Une des principales attractions touristiques, c’est le temple hindou bâti sur un îlot en mer. Le hasard a voulu que je visite ce temple pendant que des gens éplorés célébraient des funérailles. La défunte devait avoir 20 ans. À ma stupéfaction, j’ai compris, à la manière de préparer son cadavre, que l’on allait lui dresser un bûcher funéraire en bonne et due forme. C’est un spectacle macabre, mais impressionnant, que celuilà. Culturellement, les funérailles hindoues sont publiques, tandis que chez nous c’est un événement privé. Donc, j’ai pu assister à la préparation du bûcher funéraire sans que quiconque s’en offusque. J’ai pu prendre des photos de la défunte juste avant la crémation. Au Népal et en Inde, quand j’assistais à des funérailles hindoues, seuls les hommes étaient admis près du bûcher et les femmes se tenaient à l’écart. Rien de tel ici: la foule endeuillée était mixte.
Enfin, les castes hindoues, m’a-t-on dit, ont totalement disparu dans la population. Les mariages entre brahmanes et intouchables sont possibles; bref, la culture hindoue est vivante à Trinidad et Tobago, mais elle s’est adaptée à l’Amérique, plus égalitaire, moins ségrégationniste.