Le Journal de Montreal - Weekend
VOYAGE DANS LE TEMPS EN ROUMANIE
Cet automne, nous nous sommes rendus en Roumanie, attirés par la nature, les montagnes, la randonnée, les villages, les châteaux et les monastères peints de la Bucovine.
Après avoir rapidement quitté Bucarest, capitale plutôt chaotique, nous avons gagné la chaîne de montagnes des Carpates, par la spectaculaire route Transfaragan.
Aux abords de cette région centrale que l’on nomme la Transylvanie, nous sommes tout de suite conquis par l’aspect idyllique des paysages et des villages que nous traversons. Une importante partie de la population vit d’une agriculture de subsistance. Dans les champs, le foin est encore coupé à la faux, ramassé à la fourche, érigé en meules traditionnelles et transporté dans une carriole, souvent tirée par d’élégants chevaux portant des pompons. Chèvres, moutons, chevaux et animaux de la ferme sont omniprésents, y compris sur toutes les routes! Les oignons, l’ail et les haricots sont mis à sécher, attachés sur les murs des maisons.
TRADITIONS ET FOLKLORE
Traditions, folklore et rites religieux font partie du quotidien.
À Rasinari, nous nous sommes retrouvés au beau milieu d’une procession funéraire, carriole et chevaux noirs portant cercueil en tête, suivis par une centaine de personnes à pied, chacune portant une chandelle ou un plat cuisiné.
À Botiza, nous avons été à même de constater que les habitants du village se rendent toujours à la messe du dimanche vêtus de leurs habits traditionnels. Plusieurs apportent leur pain à bénir. Dans l’église orthodoxe, les hommes prennent place à l’avant, les femmes à l’arrière et tout en haut, les jeunes.
À travers les collines entourant ce même hameau, nous sommes allés à la rencontre des bergers. Ces derniers vivent six mois dans la montagne et veillent à la fabrication du fromage pour tous les habitants de la commune ayant des animaux dans les alpages. Un système de partage équitable et fort bien pensé est d’ailleurs mis en oeuvre afin que chaque famille reçoive sa juste part de fromage. Dans la montagne, nous avons eu le privilège de goûter le fromage frais du matin même, que les bergers nous ont offert: une expérience gustative et humaine que nous ne sommes pas près d’oublier!
À Soars, comme dans la majorité des villages, les maisons sont adjacentes les unes aux autres et chacune possède, dans sa cour, une petite étable accueillant quelques vaches ou chèvres, un poulailler, quelques meules de foin et parfois, un petit enclos à cochons. Nous assistons, juste après le souper, à une procession assez cocasse: le troupeau descend des pâturages et, rendu au centre du village, chacun se dirige tout seul vers sa propre maison. Après un peu de bousculade devant l’abreuvoir communal, chèvres, moutons et vaches partent tous dans des directions différentes; on les entend presque se dire au revoir et à demain!
DES VILLAGEOIS ACCUEILLANTS
Aussi souvent que possible, nous logions chez l’habitant; plusieurs des chambres ou maisonnettes où nous avons dormi se sont avérées de véritables petits bijoux. Et les repas que l’on nous a servis étaient presque toujours constitués de produits maison: pain, lait, beurre et fromages non pasteurisés, confitures,
viandes et légumes du jardin, tous produits ou cultivés sur place par la mère ou la grand-mère de la maison. Impossible de manger plus frais! Chez la famille Muntean, les repas sont pour nous l’occasion d’échanger avec le fils de la maison, étudiant au doctorat en théologie en Grèce et en vacances chez ses parents pour le congé scolaire. Florin s’exprime d’ailleurs dans un français impeccable.
À Casa di Piatra, nos hôtes, jeunes parents d’un bébé d’un an, partagent la résidence familiale avec les parents et une grand-mère. Nous avons pris nos repas dans la cuisine, tandis que toute la famille vaquait à ses occupations habituelles. Nous sommes repartis à pied, munis d’un pique-nique composé de saucisson maison, fromages et légumes 100 % bio.
Les Roumains des villages sont particulièrement accueillants, même si, souvent, nous arrivions à peine à échanger quelques mots. Au retour d’une longue randonnée à travers les monts Cindrel, alors que nous étions épuisés, nous nous reposions sur un muret de pierre, tous les membres de la famille habitant en face sont venus voir s’ils pouvaient faire quelque chose pour nous. Nous avons fini par accepter des beignets traditionnels et un verre de cidre maison, de bonnes petites douceurs qui nous ont bien revigorés!
Bien qu’au départ, nous ayons nourri très peu d’attentes, la plupart des repas et des goûters que nous avons pris en Roumanie se sont avérés si délicieux que nous avons bien vite appris à dire Forte
buna (très bon) en roumain!