Le Journal de Montreal - Weekend
UN PEU TROP ARRANGÉ
Le gars des vues a eu beaucoup d’ouvrage pendant le tournage du film The Promise, un drame sentimental sur fond de génocide arménien dans lequel la Québécoise Charlotte Le Bon donne avec brio la réplique à Christian Bale et Oscar Isaac.
Pour une fois que Hollywood s’intéresse à cette épuration ethnique qui a marqué la Première Guerre mondiale (et que la Turquie ne reconnaît toujours pas, un siècle plus tard), on se retrouve avec un scénario qui multiplie les maladresses.
D’abord l’histoire: Michael (Isaac), un aspirant médecin arménien, débarque chez son oncle à Constantinople pour y poursuivre ses études. Il y fait la connaissance de la tutrice Ana (Le Bon), une Arménienne élevée en France, dont il tombe immédiatement amoureux. Mais la belle fréquente déjà Chris (Bale), un journaliste américain qui tente de rapporter les atrocités commises par les Turcs.
N’empêche, l’attirance est trop forte et nous voilà devant un triangle amoureux. Ou serait-ce plutôt un rectangle? Car Michael avait déjà promis d’épouser la fille d’un riche homme de son village qui finance ses études. Ce qu’il fera d’ailleurs après s’être sorti des griffes de l’armée turque.
Alors quand Michael retrouve sa Ana, il se trouve devant un dilemme entre celle qu’il aime et celle à qui il était promis. Mais un coup de baguette magique du scénariste fera périr la femme de Michael dans le massacre de son village.
Ce ne sera d’ailleurs pas le seul «heureux hasard», destiné sans subtilité à servir l’intrigue amoureuse, à se produire dans ce film qui se conclut avec une scène piètrement inspirée par la finale épique de Titanic.
LE BON ASSURE
Mais tout n’est pas noir dans The Promise. À son troisième film américain après Le Voyage de cent pas et La marche, Charlotte Le Bon, capable d’émouvoir autant que de charmer, démontre une grande assurance face à des acteurs réputés. La passion qui unit les personnages de Le Bon et Isaac, rendue avec une belle sensibilité par les deux interprètes, se veut d’ailleurs un des points forts du film.
Il importe aussi de souligner la richesse du volet historique, qui semble avoir fait l’objet de rigoureuses recherches, du moins si on se fie aux commentaires de spécialistes du génocide arménien qui se sont exprimés après la présentation du film au Festival de Toronto, l’automne dernier.
Les horreurs commises durant ce triste épisode sont bien détaillées même si la mise en scène trop aseptisée de Terry George (Hotel Rwanda) freine l’indignation qu’elles devraient susciter auprès des spectateurs.