Le Journal de Montreal - Weekend

MARCHAND DE BONHEUR

En 35 années de festival, Gilbert Rozon a accueilli les plus grands noms de l’humour d’ici et d’ailleurs sur les scènes de la métropole. Il a vu naître bien des carrières et vécu des moments « qui sont passés à l’histoire ». À l’occasion de cet anniversai

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe@quebecorme­dia.com

« Il s’est passé tellement de choses. Quand je commence à en parler, je n’arrête plus ! », avise Gilbert Rozon en préambule.

« On a eu des moments historique­s. Des moments dont les gens se souviendro­nt toute leur vie et pourront dire : “J’étais là” », ajoute-t-il fièrement.

Installé dans son vaste bureau du boulevard Saint-Laurent, Gilbert Rozon se remémore les triomphes d’humoristes tels que Michel Courtemanc­he et Yvon Deschamps. Il a personnell­ement invité Jim Carrey à se produire à Montréal, bien avant qu’il ne devienne la star internatio­nale qu’on connaît aujourd’hui.

LA NAISSANCE DE MR. BEAN

Il se souvient également avoir reçu l’invitation du Britanniqu­e Rowan Atkinson avant que celui-ci ne devienne Mr. Bean.

« Il n’était pas connu à l’époque, mais il faisait des numéros vraiment exceptionn­els. Il m’a demandé d’aller manger avec lui à Londres, insistant pour faire le festival Juste pour rire en français », se rappelle-t-il.

Gilbert Rozon a accepté. Et, à l’été 1987, Rowan Atkinson présentait un numéro de cinq minutes (« un triomphe », précise Gilbert Rozon), qui allait devenir le point de départ du célèbre personnage de Mr. Bean.

C’est également dans le cadre de Juste pour rire qu’André-Philippe Gagnon a présenté pour la première fois son numéro We

Are the World en empruntant tour à tour les voix des 18 interprète­s originaux.

« Il n’était censé le faire qu’un soir. Mais il a fini par le faire tous les soirs du festival. Et quand on l’a [fait] traverser du côté anglophone, Jay Leno et Jerry Seinfeld ont refusé de passer après lui tellement il était fort. Alors André-Philippe Gagnon a clôturé leurs galas », relate Gilbert Rozon.

UNE RELÈVE BIEN ASSURÉE

Gilbert Rozon semble convaincu que les scènes du festival continuero­nt d’offrir des moments mémorables dans les années à venir, gracieuset­é de la « nouvelle génération très impression­nante » d’humoristes. « Il y a une grande ouverture aux communauté­s ethniques. Ça fait du bien d’entendre parler autrement. La beauté des cultures, c’est le choc entre elles. C’est scientifiq­ue : la friction apporte l’énergie », rappelle-t-il. « La beauté du Québec, c’est d’être positionné au confluent des British avec leur humour absurde, des Français avec leur souci des mots et des Américains avec leur efficacité. On retrouve tout ce spectre d’expression, du vulgaire au très raffiné, chez nos humoristes québécois », ajoute-t-il.

« JAMAIS ASSEZ GROS »

Maintenant que Juste pour rire souffle 35 bougies, Gilbert Rozon peut commencer à penser aux éditions suivantes. Difficile pour lui de « penser plus que trois ans d’avance », mais une chose est claire dans sa tête : le festival pourrait facilement doubler dans les années à venir.

« En 35 ans, on a multiplié par 40 ou 50 notre taille. Mais ce n’est jamais assez gros pour moi. Des idées, j’en ai plein la tête ; c’est arborescen­t », assure Gilbert Rozon.

« Je me demande constammen­t comment je peux donner du bonheur aux gens. Il y a plein de façons de le faire. Et moi, ma quête, c’est d’en trouver encore plus », conclut-il.

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Le Festival Juste pour rire se déroule jusqu’au 30 juillet.
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