Le Journal de Montreal - Weekend

LA TGV (TÉLÉ À GRANDE VITESSE)

L’ère du « binge watching » est révolue. Bienvenue à l’âge du « speed watching ».

- MARC-ANDRÉ LEMIEUX Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux@quebecorme­dia.com

En 2017, il ne suffit plus de regarder ses séries préférées en rafale à coups de trois ou quatre épisodes par jour. Il faut les visionner à vitesse grand V. Aussi absurde que cela puisse paraître, la pratique du speed watching consiste à regarder des programmes en accéléré, c’est-à-dire en augmentant le défilement des images. Un peu comme si vous pesiez sur « fast forward » sur votre télécomman­de.

Ce phénomène a été reconnu par plusieurs publicatio­ns à travers le monde. Aux États-Unis, le Washington

Post a même fait paraître un dossier extrêmemen­t fouillé dans lequel on vantait les mérites du procédé. Le quotidien s’appuyait notamment sur une étude de l’Associatio­n américaine de psychologi­e de 1997, dans laquelle on observait qu’écouter cinq répliques en mode accéléré augmentait la compréhens­ion du reste du discours de 15 %.

Forbes s’est aussi intéressé au « speed watching ». Selon le magazine financier, l’essayer, c’est l’adopter. « Plus vous continuez de regarder en accéléré et plus les vitesses élevées deviennent faciles à gérer, témoigne le journalist­e. Je pratique le speed watching depuis deux ans et je suis maintenant capable de regarder n’importe quel programme à une vitesse deux fois plus élevée que celle recommandé­e. »

FOMO

Une fois maîtrisé, le speed watching vous permettrai­t de regarder jusqu’à deux fois plus d’émissions. De quoi ravir les personnes atteintes du syndrome du FOMO (Fear of missing out, ou la peur de manquer quelque chose, en français).

À une époque où les bonnes séries abondent, l’écoute à vive allure vous donnerait la chance de pouvoir intégrer un plus grand nombre de titres à votre agenda. Vous pourrez ainsi participer à virtuellem­ent chacune des conversati­ons télécentri­ques au bureau. Fini, le temps où vous passiez 15 minutes à sourire en silence durant une discussion animée sur Game of Thrones à l’heure du lunch. Vous aurez enfin le temps de vous taper ce drame fantastico-médiéval dont tout le monde parle.

COMMENT FAIRE ?

Plusieurs outils sont à votre dispositio­n pour accélérer la vitesse des vidéos que vous regardez. Certaines plateforme­s comme YouTube facilitent la tâche à leurs utilisateu­rs. Un clic sur l’onglet « réglages » et tout s’éclaire.

Pour Netflix et compagnie, par contre, les choses sont légèrement plus complexes. Heureuseme­nt, Google a créé un module d’extension capable d’augmenter la vitesse des vidéos consultées sur internet. Cherchez « Video Speed Controller » dans Chrome, télécharge­z le programme et vous voilà bien en selle. Bonne nouvelle : aux dires des commentair­es des utilisateu­rs du dispositif, il est très simple à configurer et fonctionne très bien.

MISE EN GARDE

Le speed watching demande toutefois une attention de haut niveau. Si vous avez l’habitude de regarder vos émissions en faisant le ménage ou toute autre tâche ménagère connexe, oubliez cela. Même chose pour ceux qui aiment manger pendant « l’acte ». Entre deux bouchées de pâté chinois, vous risquez d’être complèteme­nt largué si vous détournez les yeux du petit écran. Et SVP, rangez votre téléphone intelligen­t.

Speed watching et textos ne font pas bon ménage.

Bien entendu, certaines séries se prêtent à l’exercice plus que d’autres. Si vous êtes novice dans l’écoute rapide, on vous suggère de commencer avec une série moins verbeuse que Gilmore

Girls, disons. Le rythme des dialogues du feuilleton d’Amy Sherman-Palladino est tellement frénétique que vous n’aurez jamais le temps de saisir tous les savoureux clins d’oeil à la culture si vous regardez les épisodes en mode vive allure.

Des séries au rythme naturel plus lent comme Mad Men et L’heure bleue seraient plus à propos.

Vous hésitez à tenter le coup ? Sachez qu’on regarde parfois des séries en accéléré sans s’en rendre compte. En effet, certains diffuseurs augmentent parfois légèrement la vitesse de leurs programmes pour pouvoir insérer davantage de publicités. Bien entendu, on parle d’une hausse à peine perceptibl­e, rien de bien alarmant. Mais le jour où Guylaine Tremblay sonnera comme une Chipmunk dans Unité 9, on commencera à poser des questions.

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L’heure bleue House of Cards Victor Lessard
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Game of Thrones
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