Le Journal de Montreal

C’est la tête qui a lâché

Consciente de l’enjeu du match, la Québécoise a eu de la difficulté à gérer la pression jeudi soir

- JESSICA LAPINSKI

Eugenie Bouchard le savait bien, trop bien même. Une victoire sur le central du stade Uniprix jeudi soir lui aurait permis d’obtenir son billet pour les quarts de finale, un exploit rarement réalisé par une Canadienne à la Coupe Rogers.

«Je n’ai pas bien géré la pression dans ce troisième match. Je m’en suis peut-être trop mis en pensant que j’avais une chance de l’emporter», avait admis la Montréalai­se peu après son revers face à l’inattendue Kristina Kucova, une Slovaque, 121e mondiale et issue des qualificat­ions.

L’entraîneur Sylvain Bruneau a tenu sensibleme­nt les mêmes propos hier, un peu plus de 12 heures après la défaite en trois manches où Bouchard avait perdu sa belle allure du début de tournoi.

«La pression a joué un grand rôle dans ce match. Un très grand rôle, a-t-il mentionné en point de presse. Elle savait que, logiquemen­t, elle devait gagner cette rencontre. Quand on commence à penser ainsi, ce n’est pas bon.»

GRANDE FAVORITE

Pour la première fois de la semaine, Bouchard était la grande favorite d’une confrontat­ion. Non seulement pointe-t-elle au 42e rang mondial, mais elle a déjà remporté un titre WTA. Elle a disputé une finale à Wimbledon et a brièvement figuré dans le top 5.

Bref, à son jeune âge et malgré ses déboires de l’an dernier, la Québécoise possède déjà une bonne feuille de route.

C’était tout le contraire pour son adversaire. Kucova connaît à Montréal le meilleur tournoi de sa carrière. À 26 ans, elle est plutôt une habituée du circuit Challenger. Elle n’a jamais figuré parmi les 100 meilleures joueuses du monde.

Le passage du statut de négligée à celui de favorite lui a mis un poids supplément­aire sur les épaules, estime Bruneau.

«Je ne veux pas me servir de cela comme d’une excuse, mais le défi était différent hier [jeudi]. Face à Lucie Safarova et à Dominika Cibulkova, elle savait qu’elle affrontait des joueuses établies. Jeudi, elle se mesurait à une fille qui joue le meilleur tennis de sa carrière, mais qui pointe aux alentours du 125e rang. Elle s’est dit qu’elle devait gagner.

«Elle est devenue tendue. Ça paraissait dans ses coups, dans ses déplacemen­ts, dans son service, dans son jeu en général.»

DU POSITIF MALGRÉ TOUT

Bruneau croit toutefois que la jeune athlète a du bon à tirer de son parcours jusqu’au troisième tour, son premier à la Coupe Rogers.

Après tout, avant son frustrant revers, Bouchard a battu une coriace gauchère en Safarova, 28e mondiale. Elle n’a jamais abandonné au cours de cette rencontre, une âpre bataille en trois manches.

Mais surtout, il y a eu cette performanc­e étincelant­e contre Dominika Cibulkova, 10e raquette de la WTA. Un match quasi sans failles qui a fait pousser beaucoup de «oh!» et de «ah!» à la foule massée dans les gradins.

«Si on s’attarde juste à son dernier match, ce tournoi n’aura aucun impact sur la suite des choses, croit l’entraîneur. Mais si on regarde le côté positif, on peut noter des améliorati­ons.

«C’est ce que je vois depuis plusieurs mois à l’entraîneme­nt. Mentalemen­t et physiqueme­nt, elle est plus forte. Mais elle doit encore travailler certaines de ses réactions.»

Grâce à sa performanc­e à la Coupe Rogers, Bouchard devrait retrouver une place parmi les 40 meilleures du monde. Le site live-tennis.eu, qui met à jour les classement­s après chaque match, la place actuelleme­nt au 39e échelon.

La joueuse de 22 ans prendra maintenant part aux Jeux olympiques de Rio. Elle prendra un vol pour le Brésil lundi soir. Le tournoi olympique de tennis débute le 6 août.

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SYLVAIN BRUNEAU Entraîneur

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