Le Journal de Montreal

Assez proche de Chrétien pour dormir chez lui

L’un des acteurs du scandale des commandite­s aurait empoché plus de 7 millions $ grâce au programme

- Michaël NguyeN

L’un des acteurs du scandale des commandite­s, assez proche de Jean Chrétien pour dormir chez lui, serait devenu un incontourn­able dans l’obtention de contrats, a plaidé la Couronne hier.

Jacques Corriveau pouvait souper et dormir au 24 Sussex (la résidence officielle du premier ministre), et il tutoyait la femme de Jean Chrétien. Il avait même embauché un fils de Jean Chrétien dans sa compagnie, a plaidé la Couronne hier au procès de l’accusé de 83 ans.

«Il parlait même des longueurs [de natation] qu’il faisait avec le premier ministre», a expliqué Me Jacques Dagenais au jury. Il a certaineme­nt de l’influence auprès de certaines personnes, et il prétend aussi en avoir.»

Corriveau est accusé de trafic d’influence, de fabricatio­n de faux documents et de blanchimen­t d’argent relativeme­nt au scandale des commandite­s à partir de 1997.

À la suite du référendum de 1995, le gouverneme­nt fédéral avait débloqué un budget afin de faire de la promotion lors d’événements culturels, sociaux ou sportifs.

Et c’est là que Corriveau aurait utilisé son influence pour permettre l’octroi de contrats en échange d’une commission de 17,5 %.

Il aurait ainsi empoché plus de 7 millions $ en quelques années à peine, selon la preuve présentée au jury.

INFLUENCE

Tout au long de ses plaidoirie­s, Me Dagenais a rappelé l’influence de Corriveau ainsi que sa proximité avec le premier ministre de l’époque, Jean Chrétien, et le Parti libéral du Canada.

Cela aurait bien servi à Corriveau, qui se serait ainsi forgé l’image d’un homme influent.

«Les gens ont décidé qu’il était proche de M. Chrétien, qu’ils allaient bien le traiter et ainsi avoir la chance d’obtenir des contrats», a plaidé Me Dagenais en citant les nombreux témoins entendus tout au long de ce procès qui a commencé le mois dernier.

Avec ce stratagème allégué, Corriveau s’en serait mis plein les poches.

Mais il fallait cacher cet argent obtenu illégaleme­nt, a ajouté Me Dagenais. D’autant plus qu’avant l’arrivée des libéraux au pouvoir, l’accusé ne roulait pas sur l’or.

FAUSSES FACTURES

Corriveau aurait alors fabriqué plus de 200 fausses factures et contrats pour justifier les rentrées d’argent.

«Son intention était d’induire en erreur, a plaidé le procureur. Ces faux documents créaient une opacité, ça avait l’air “kasher”.»

Avec l’argent, Corriveau aurait, entre autres, investi 450 000$ pour agrandir sa maison qui valait 240 000$ en 2002. Onze ans plus tard, le domicile était évalué à 1,3 million $.

Outre cet investisse­ment, Corriveau aurait aussi placé environ 225 000$ dans un fonds enregistré de revenu de retraite et 657000$ en placements divers.

La défense, qui n’a pas présenté de preuve, entamera ses plaidoirie­s aujourd’hui, au palais de justice de Montréal.

Le juge donnera ensuite ses instructio­ns au jury, qui entamera alors ses délibérati­ons.

 ??  ?? Jacques Corriveau, 83 ans, sera bientôt fixé sur son sort quant aux accusation­s relatives au scandale des commandite­s.
Jacques Corriveau, 83 ans, sera bientôt fixé sur son sort quant aux accusation­s relatives au scandale des commandite­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada