La marche des femmes ne s’arrêtera plus
Les hommes de demain n’ont qu’à bien se tenir, car la marche des femmes vers la parité dans l’industrie du film et de la télévision ne s’arrêtera plus. Dès qu’elles auront atteint la parité, il faudra peu de temps avant qu’elles ne soient majoritaires dans tous les métiers de l’audiovisuel. Leur ascension est déjà inscrite dans les statistiques. Actuellement, les femmes occupent la majorité des postes subalternes et plus de la moitié de tous les diplômés qui sortent des écoles canadiennes de télé et de cinéma sont des femmes.
Au mois d’avril 2007, Jean Charest avait fait l’histoire en nommant un cabinet paritaire. L’an dernier, le premier ministre Justin Trudeau a peut-être signé l’arrêt de mort des cabinets à majorité masculine. En tout cas, son geste va chambarder tous les ministères fédéraux et toutes les sociétés de la Couronne. Dorénavant, il ne suffit plus de parler, il faut agir. Au début du mois, Carolle Brabant s’est fait varloper de belle façon au Festival international de films de Toronto quand elle a annoncé que les films financés par Téléfilm devraient atteindre la parité des genres vers… 2020.
À BOUT DE PATIENCE
Les femmes ont perdu patience. Elles en ont soupé des comités d’étude. Elles veulent la parité dans les meilleurs délais, autant à la télé qu’au cinéma. Screen Australia l’a garantie aux Australiennes pour 2018 et, en Suède, la parité est déjà chose faite.
Au Canada et au Québec, la discrimination envers les femmes ne fait aucun doute à la télévision, au cinéma et dans le monde de la création en général. De tous les films financés par Téléfilm, par exemple, moins de 20 % sont réalisés par des femmes. C’est la même situation à la télé.
Mince consolation s’il en est, la condition des femmes n’est pas plus rose en France. Les Françaises réalisent un long-métrage sur quatre. Le budget moyen des longs-métrages qu’elles mettent en scène est de 5 millions $, alors que le budget moyen des films réalisés par les hommes dépasse 8 millions $. Quel que soit le métier, les Françaises qui travaillent dans l’audiovisuel gagnent un tiers de moins que les hommes, vedettes comprises.
En Grande-Bretagne, c’est encore pire. Seulement 12 % des réalisateurs sont des femmes et quel que soit le métier, les femmes occupent moins de 17 % des postes.
LES ÉTATS-UNIS SONT LES PIRES
De tous les pays occidentaux, ce sont les États-Unis qui font la moins bonne place aux femmes. À la télévision et au cinéma, les actrices n’ont que 12 % des premiers rôles et les femmes réalisent seulement 9 % des séries. Dans tous les autres postes techniques ou de création, c’est à peine si on dénombre 30 % de femmes.
Même si les romans constituent souvent le point de départ d’un scénario de film ou de série, les romancières sont snobées partout. Par les producteurs comme par les jurys littéraires. À titre d’exemple, seulement 11 femmes (dont Antonine Maillet en 1979) ont remporté le prix Goncourt en 113 ans. Est-il nécessaire d’ajouter que les jurys du Goncourt se composent toujours de plus de 90 % d’hommes!
Si j’ajoute le ras-le-bol généralisé des femmes aux bouleversements que provoque déjà le numérique, l’industrie de l’audiovisuel n’est pas au bout de ses peines. Et je ne dis rien des revendications des minorités culturelles qui iront en s’accentuant.
TÉLÉPENSÉE DU JOUR
Le «triangle» des Bermudes serait causé par des nuages de forme hexagonale. J’espère que les bolés en géométrie y comprennent quelque chose.