Le Journal de Montreal

Un choc à encaisser

- RichaRd LatendRess­e

0D.e0s—gu5e. CuHleRsOdN­écIQroUcEh­léeeasd, des adultes en larmes, des gens pa0.n0i—qu6é. Cs HqRuOisNuI­rQcUhEatre­gxetent les 0si.0te—s7d. C’IHmRmONigI­QraUtEioSO­nUCSa-TnITaRdEaS­et de New Zealand Now: une forme de0.d0 é—se6.sCpHoRirOs­N’eIQstUeEmt­epxaterée de la moitié des Américains mardi soir dernier.

Au milieu de la nuit, de mardi à mercredi, la ligne téléphoniq­ue du Service national de prévention du suicide recevait un appel toutes les six secondes. Même chose sur la Crisis Text Line, où les gens en détresse peuvent aller chercher du soutien par message texte: deux fois plus de communicat­ions qu’à l’accoutumée avec, comme mots les plus fréquemmen­t utilisés, «élection» et «effrayé».

À l’école de mes enfants, dans une banlieue privilégié­e de la capitale américaine, les enseignant­s, le visage sombre, ont invité les élèves en début de classe mercredi matin à confier leurs émotions, à partager leur «compréhens­ible angoisse». En classe de yoga, ma conjointe me racontait que les habituelle­ment-si-sereins yogis pleuraient en choeur et chuchotaie­nt entre eux leur soudain mal de vivre.

BLEU AUX EXTRÉMITÉS

Il y a un grand nombre de façons de juger le résultat de l’élection présidenti­elle américaine: le réveil de l’homme blanc, le succès des cols bleus, le triomphe des bornés, la débâcle des bien-pensants, la déroute des mondialist­es.

De toutes les données tirées de ce scrutin, une carte révèle, d’un s0eu.l0re—- gard, toute une réalité: celle colorant les comtés selon les résultats, rouge pour les républicai­ns, bleu pourCleHs démocrates. D’un coup d’oeil rapide, c’est un pays rouge que l’on voit avec des grains bleus ici et là.

Ressortent aussi des plages bleues plus larges, mais elles viennent confirmer le sentiment initial: ce grand territoire est rouge, sauf pour les côtes Atlantique et Pacifique et quelques débordemen­ts dans le Colorado, le Nouveau-Mexique et le Minnesota.

C’est une illusion, et fausse à part ça: à la grandeur du pays, Hillary Clinton a obtenu 390000 voix de plus que Donald

plus de démocrates que de républicai­ns se sont exprimés, plus de bleus que de rouges. Le problème, c’est que les bleus aiment la compagnie: ils vivent ensemble, s’empilent les uns sur les autres et laissent les grands espaces aux autres.

LA VENGEANCE DES COINS PERDUS

Ainsi, un impression­nant succès à Los Angeles (où Clinton a récolté 1,1 million de voix de plus que Trump) est compensé par la perte de tout le Kansas (où Trump a devancé Clinton par 242 000 votes). La candidate démocrate a triomphé à New York, avec 1,5 million de voix de plus que son rival, mais elle a perdu tout l’Arizona et ses 11 grands électeurs par 85 000 votes.

Il serait possible d’aller encore plus dans le détail et d’étudier circonscri­ption après circonscri­ption, mais le résultat serait le même: les coins les plus reculés du pays (que les résidents des grands centres regardent avec hauteur) ont contrebala­ncé, les uns après les autres, les choix des grandes villes, permettant ultimement à Donald Trump de se faufiler jusqu’à la présidence.

Un immense «Fuck you!», comme disait le cinéaste et documentar­iste Michael Moore qui, sur le coup, pour bien des gens, a fait du bien. Reste à voir s’ils vont tomber des nues vite ou très vite. Entre-temps, une de nos amies, Christie, militante démocrate, a résumé en une seule phrase l’étrange état d’âme des perdants: «Je me sens comme au 11 septembre 2001, mais cette fois la moitié du pays fait la fête.»

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