Le Journal de Montreal

La Cour suprême se penchera sur les pénalités pécuniaire­s

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | La Cour suprême du Canada tranchera la cause d’un itinérant québécois qui se bat contre les pénalités pécuniaire­s imposées obligatoir­ement aux criminels, plaidant qu’elles violent les droits des Canadiens.

Le plus haut tribunal du pays a accepté d’entendre, hier, la cause d’Alex Boudreault, condamné en 2015 à une peine de 36 mois d’incarcérat­ion et une pénalité financière – appelée suramende compensato­ire – de 1400$. M. Boudreault et son avocat soutiennen­t que cette suramende obligatoir­e viole la Charte canadienne des droits et libertés, puisqu’elle constitue une peine «cruelle et inusitée».

Comme sans-abri, M. Boudreault disposait au moment des faits d’un maigre revenu de 4800$ par année, selon des documents de cour. La peine de 1400$ représente donc 30 % de ses revenus annuels.

OBLIGATOIR­ES

Les suramendes compensato­ires ont été incorporée­s dans le Code criminel canadien en 1989. Elles étaient imposées aux contrevena­nts à la discrétion des juges jusqu’en 2013.

Au pouvoir à l’époque, les conservate­urs de Stephen Harper ont changé les règles du jeu pour rendre les suramendes obligatoir­es.

La Cour suprême du Canada devra trancher sur cet aspect, soit sur le retrait du pouvoir discrétion­naire d’un tribunal d’exempter un contrevena­nt pauvre de la suramende fédérale.

PROJET DE LOI

La question pourrait toutefois être essentiell­ement réglée avant même que la Cour suprême n’ait le temps de trancher.

À l’automne, les libéraux de Justin Trudeau ont déposé un projet de loi redonnant aux juges le pouvoir d’imposer, ou non, une suramende compensato­ire aux contrevena­nts moins nantis.

Lors de l’annonce du dépôt du projet de loi C-28, la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould avait indiqué que l’approche du Parti conservate­ur en la matière était injuste et infligeait un fardeau démesuré aux moins privilégié­s.

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