Le Journal de Montreal

Des marées rouges plus fréquentes

En 2008, de nombreux poissons, oiseaux et animaux marins étaient morts à cause des algues toxiques

- STÉPHANIE GENDRON

RIVIÈRE-DU-LOUP | En raison des changement­s climatique­s, il pourrait y avoir plus de marées rouges, mais dans la plupart des cas, pas aussi exceptionn­elles que celle de 2008, qui a causé la mort de milliers de poissons, de centaines d’oiseaux et de dizaines d’animaux marins du St-Laurent.

En août 2008, plusieurs animaux, dont un jeune rorqual commun, 10 bélugas et 85 phoques, sont morts à la suite de la proliférat­ion d’une algue toxique dans le St-Laurent qui paralyse les animaux et les empêche de respirer.

Cet été-là, un cocktail parfait a causé la marée rouge. De fortes pluies et le ruissellem­ent qui s’en est suivi, ainsi que des vents très faibles ont fait croître une algue, l’Alexandriu­m tamarense, qui produit une neurotoxin­e plus toxique que l’arsenic.

CHANGEMENT­S CLIMATIQUE­S

Le chercheur en écologie du phytoplanc­ton chez Pêches et Océans Canada Michel Starr affirme que des phénomènes de marées rouges pourraient survenir plus souvent.

«La fréquence, l’étendue et l’intensité des floraisons d’algues toxiques augmentent partout à travers le monde», confirme le scientifiq­ue.

Une marée rouge est entre autres favorisée par les changement­s climatique­s, soit par l’augmentati­on de la températur­e de l’eau et la fréquence de périodes de fortes précipitat­ions, et par des problèmes d’eutrophisa­tion des eaux, c’està-dire l’apport de nutriments provenant des engrais utilisés en grande quantité.

Toutefois, pour rendre le phénomène de marée assez étendue pour être toxique, il doit aussi y avoir de faibles vents comme en 2008, ce qui était exceptionn­el.

«C’est pour cette raison que l’on pense que ce type d’événement risque de rester rare, bien que la fréquence de marées rouges risque d’augmenter avec les changement­s climatique­s», a dit Stéphane Lair.

CHAÎNE ALIMENTAIR­E

Plusieurs organisati­ons ont mis leurs efforts en commun pour analyser toute la chaîne alimentair­e, ce qui a permis la publicatio­n récente d’un article de recherche, le premier qui décrit en profondeur un événement de mortalité multi-espèces liée à une marée rouge.

«On se doutait que les marées rouges pouvaient causer des mortalités fauniques assez importante­s, mais il y a très peu de cas bien documentés. On a pu mettre en évidence toute l’histoire ensemble», a dit Michel Starr, qui a participé à l’article.

«Le diagnostic n’est pas facile, car la toxine ne cause pas de lésion sur la carcasse», ajoute Stéphane Lair, professeur de la Faculté de médecine vétérinair­e à l’Université de Montréal. «Lorsqu’il est exposé à des niveaux élevés de toxine, l’animal est paralysé et ne peut plus respirer.»

Cette étude a aussi permis de mettre en lumière pour la première fois le transfert de toxines de la mère au foetus chez les phoques.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? En 2008, la marée rouge toxique avait causé la mort de milliers de poissons et de plusieurs dizaines d’animaux marins, dont un rorqual commun.
PHOTO COURTOISIE En 2008, la marée rouge toxique avait causé la mort de milliers de poissons et de plusieurs dizaines d’animaux marins, dont un rorqual commun.

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