Le Journal de Montreal

Plus facile d’être un homme dans l’armée qu’une femme

- CHRISTOPHE­R NARDI

Le caporal Vincent Lamarre assure aujourd’hui qu’il est bien plus facile d’être un homme qu’une femme au sein des Forces armées, un milieu essentiell­ement masculin.

«La perception est très différente, il y a vraiment une très grosse différence entre être une femme et un homme dans l’armée, lance sans détour le soldat. Comme tout milieu masculin, je me mettais beaucoup de pressions inutiles [lorsque j’étais une femme] parce que si je faisais une erreur, j’avais l’impression que je serais tout de suite jugée fortement par les gars.

«Aujourd’hui, j’ai l’impression que si je fais une erreur, les gens disent “pas grave mon chum, ça arrive à tout le monde” et on passe à autre chose. Les pressions que s’imposent les femmes dans les Forces armées canadienne­s sont nettement supérieure­s», continue-t-il.

La différence s’est fait sentir lors de sa tournée en Afghanista­n en 2010-2011 à titre de chauffeur qui ravitailla­it notamment les unités militaires afghanes. Le caporal Lamarre était à ce moment-là la seule femme dans une unité de plusieurs dizaines de soldats canadiens au Moyen-Orient.

Le traitement que lui réservaien­t les forces armées locales n’a rien fait pour alléger son malaise envers son corps.

«Ce n’était pas facile de travailler avec la communauté locale à titre de femme, parce que c’est une culture tellement différente. J’étais constammen­t en train de rappeler aux Afghans que je n’étais pas un objet. Heureuseme­nt, je me sentais vraiment protégé par mes 41 collègues canadiens», explique en rigolant le caporal.

PAS ASSEZ DE FEMMES

D’ailleurs, la direction des Forces armées reconnaît qu’il manque présenteme­nt de femmes au sein de ses équipes. Celles-ci représente­nt à peine plus de 15 % des 100 000 personnes qui travaillen­t au sein des FAC.

L’administra­tion des forces a donc annoncé la semaine dernière qu’elle espérait atteindre le cap de 25 % de femmes d’ici 10 ans grâce à un plan fort ambitieux d’augmenter le recrutemen­t féminin d’un pour cent par année sur 10 ans.

«Nous pouvons en faire bien plus pour refléter la force et la diversité de la population que nous servons, tant dans l’effectif militaire que civil», a écrit la Défense nationale dans sa nouvelle politique.

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Le caporal Lamarre a été transféré à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu après l’annonce de sa transition afin d’être plus près de Montréal où il va à ses rendez-vous médicaux. Cette base, où il se trouve sur cette photo, est plus tranquille...
PHOTO CHANTAL POIRIER Le caporal Lamarre a été transféré à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu après l’annonce de sa transition afin d’être plus près de Montréal où il va à ses rendez-vous médicaux. Cette base, où il se trouve sur cette photo, est plus tranquille...

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