Retour aux sources
Les bédéistes sherbrookois Delaf et Dubuc – Marc Delafontaine et Maryse Dubuc – proposent une nouvelle série parallèle qui renoue avec les gags pétillants des Nombrils: Les Vacheries des Nombrils. Le succès international de la série publiée chez Dupuis se reflète sur le tirage: le premier tome paraît à 130 000 exemplaires!
La série Les Nombrils (sept tomes publiés) s’est vendue à plus de 1,7 million d’exemplaires et un tirage record assurera une forte présence des Vacheries des Nombrils en librairie, au Québec comme en Europe. «C’est le plus gros tirage pour un tome 1 de toute l’histoire des Éditions Dupuis! Ayoye! Dupuis y croit à fond et c’est super!», commente Marc en entrevue. «Ils ont mis la grosse machine: il y avait des grandes affiches dans le métro de Paris. C’est un peu bizarre, comme Québécois, de voir ça!», ajoute Maryse.
Le duo inspiré et inspirant souhaitait faire un retour aux sources avec ce nouvel album très drôle, mettant en vedette «deux beautés et une grande nouille», pour reprendre une des expressions utilisées.
L’ADOLESCENCE
«Quand Les Nombrils ont été créés, à la base, c’était pour faire du gag en une page. Assez rapidement, c’est devenu une histoire assez complexe, avec des personnages qui évoluent, une trame narrative assez dense«, explique Marc. «Même si on a toujours continué de faire une page, un gag, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait plus faire du gag comme on le faisait au départ. Ça nous manquait, même si on s’amuse beaucoup avec l’histoire principale.»
C’était aussi l’occasion, ajoute-t-il, de s’offrir une petite récréation et de s’aérer les idées pendant que Maryse réfléchit aux tomes 8, 9 et 10, la suite et la fin de la série Les Nombrils.
L’adolescence est pour eux une source inépuisable d’inspiration. «Il y a tellement de choses à dire!» selon Marc. Maryse précise qu’avec Les Nombrils, une double contrainte se présentait: il fallait faire des chutes percutantes à la fin de chaque album et ne jamais oublier les gags. «Dans les derniers albums, ça devenait un peu contradictoire parce qu’on était dans le thriller psychologique, dans le polar, l’enquête, et on retournait cela en gag. On créait un suspense et on le désamorçait avec humour. Avec Les Vacheries, on peut revenir aux gags purs et explorer les zones qu’on n’avait pas explorées avant de faire évoluer la série.»
Delaf et Dubuc s’esclaffent quand on leur demande comment expliquer le succès énorme de la série. «Peut-être que ça correspond à une envie de rigoler et de se défouler en même temps. Le côté satire de l’adolescence doit rejoindre les gens. Souvent, en BD d’humour tout public, les personnages ne changent jamais. Le côté évolutif des personnages a plu aux lecteurs», dit Marc.
INTERPELLÉ
Maryse explique qu’ils ont fait en sorte que le lecteur soit interpellé, qu’il se questionne. «On se fie à son intelligence. On essaie que ce soit moral, sans que ce soit moralisateur. On ne veut pas faire la leçon, mais on veut donner à réfléchir. Quand on est ado, te faire dire quoi faire, t’en as jusque là... tu as le goût de réfléchir par toi-même. (...) On essaie de se replonger dans nos souvenirs de ce que c’était, être ado, et de mettre en scène des situations et se fier aux lecteurs. Oui, on traite d’intimidation, de relations parents-ados conflictuelles, d’hypersexualisation... mais en laissant les gens penser d’euxmêmes.» » Le tome 8 des Nombrils sortira en
2018. » Les Nombrils ont un succès monstre sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, 415 000 fans, tandis que Delaf et Dubuc, sur Twitter, sont suivis par 12 000 personnes (@delaf_dubuc).