Le Journal de Montreal

Fermée après 40 ans

Une clinique victime de la réforme Barrette

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Après 40 ans de services, une clinique médicale d’urgence de Montréal fermera ses portes bientôt parce qu’elle est incapable de remplacer les quatre omnipratic­iens qui ont quitté leur poste en raison de la réforme dans le réseau.

« Je suis très stressée avec la fermeture, confie Farah Barsoom, une Irakienne d’origine qui se fait soigner au Centre d’urgence de Salaberry depuis son arrivée au Québec, en 2001. On devra se chercher une autre clinique, mais on est refusés partout ailleurs. »

« C’est vraiment malheureux que ça se termine comme ça », ajoute une employée de la clinique qui a requis l’anonymat.

Située à proximité de l’hôpital SacréCoeur, cette clinique avait été créée il y a 40 ans, notamment pour désengorge­r l’urgence. Or, la clinique-réseau fermera ses portes au plus tard le 10 septembre prochain, « à moins d’un petit miracle », dit l’employée.

Dans la porte principale, les médecins de la clinique ont affiché une lettre expliquant la situation aux patients.

DÉPARTS

Rappelons que la réforme du ministre de la Santé Gaétan Barrette, en vigueur depuis le printemps 2015, oblige les médecins de famille à faire davantage de suivis en première ligne. L’objectif ultime est que tous les Québécois soient pris en charge d’ici la fin de l’année.

Or, cette clinique n’offre que des soins d’urgence, et pas de suivi à long terme. La clientèle compte beaucoup de patients immigrants qui n’ont pas de médecin de famille.

Depuis la réforme, la clinique-réseau a perdu quatre médecins « qui se sont vus contraints de réorienter leur pratique » vers le suivi de patients en première ligne, ce qui a fragilisé l’équipe médicale, lit-on dans la lettre.

La clinique dit avoir fait part du problème au ministère de la Santé, mais qu’un seul poste de médecin a été autorisé. Selon nos informatio­ns, il manque 60 heures de médecine par semaine (soit trois médecins à temps partiel), pour couvrir les frais.

BEAUCOUP DE MONDE

« Les difficulté­s avec lesquelles nous composons depuis plus d’un an et l’absence de résultats suffisants à nos nombreux efforts et démarches nous forcent à fermer définitive­ment nos portes », écrivent les médecins.

« Pour faire vivre une clinique, ça prend des médecins, résume l’employée. Les jeunes docteurs ne peuvent pas venir ici à plein temps. On couvre toutes les plages horaires, mais tout le monde est essoufflé. »

Par ailleurs, l’idée de devenir une « superclini­que » a été étudiée, mais la difficulté de recrutemen­t cause aussi un problème.

L’an dernier, la clinique-réseau a enregistré 35 000 consultati­ons, et ce chiffre a déjà grimpé jusqu’à 60 000 par le passé.

« Des fois, on doit refuser des gens avant la fermeture, on ne peut pas voir tout le monde, dit l’employée. Les patients ne sont pas contents. Ils se demandent où ils vont aller. »

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PHOTO HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T La famille de Farah Barsoom, incluant ses garçons Gabriel et David Jarwa, devra trouver une autre solution en cas d’urgences médicales dès septembre prochain.

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