Cohabitation entre hétéros et gais dans une résidence
La moitié des résidents d’un foyer pour personnes âgées sont homosexuels
L’homosexualité chez les aînés est encore tabou, mais deux centres pour personnes âgées de Montréal prennent des mesures exceptionnelles pour combattre l’homophobie.
La moitié des résidents d’Habitat Fullum sont homosexuels. Pour s’assurer que tous soient à l’aise, la résidence fait passer des entrevues à ses futurs résidents.
Que ce soit à la danse, au billard, à la pétanque ou au jardinage, les deux clientèles se mélangent. On ne se prive pas pour se tenir la main ou s’embrasser devant les autres résidents. C’est très bien accepté, ce qui n’est pas le cas ailleurs, alors que l’homophobie chez les aînés est encore bien présente.
Gérald Lemay, 71 ans, habite à la résidence Habitat Fullum depuis trois ans. Après avoir eu trois enfants et avoir habité avec une femme pendant 13 ans, il est sorti du placard à l’âge de 55 ans.
En vieillissant, il craignait de se retrouver dans un foyer pour personnes âgées et de devoir retourner dans le placard, puisque sa génération n’a jamais été très ouverte envers les gais, selon lui.
« Je ne voulais pas vivre ma vieillesse isolé. Ici [au centre], les relations sont personnelles, mais tout le monde est au courant des orientations. C’est connu, su et accepté par les chambreurs et le personnel », explique M. Lemay.
TOUS ENSEMBLE
« On n’a pas de salon pour les gais ou de section pour les hétéros. Ici, tout le monde vit ensemble, on veut abattre les préjugés », lance Louise Raymond, responsable du soutien aux locataires à l’Habitat Fullum.
Pour aider les homosexuels après leur retraite, la fondation Émergence, qui propose des programmes de sensibilisation sur le bien-être et la défense de la communauté LGBT, a mis sur pied le programme « Pour que vieillir soit gai » en 2009.
Depuis, elle cumule de nombreux témoignages d’aînés qui ont fait le choix de rester discrets dans leur résidence pour personnes âgées en raison de corésidents qui, souvent, sont des baby-boomers peu ouverts.
ISOLEMENT
« Plusieurs aimeraient mettre la photo de leur conjoint sur leur table de chevet et dire qui c’est, au même titre qu’une personne hétérosexuelle qui afficherait la photo de son conjoint. Mais ils doivent rester discrets sur leur vie privée pour éviter l’isolement », indique l’ex-président de la fondation, Laurent McCutcheon.
Pour sa part, le directeur général de la fondation, Laurent Breault, constate que l’homophobie en résidence est si présente que la clientèle homosexuelle préfère rester invisible pour se faire oublier.
Quant à la résidence Ville-Marie, un code de vie et une formation auprès des intervenants assurent l’inclusion de tous les résidents, et ce, quelle que soit leur orientation sexuelle.