Le Journal de Montreal

Les salauds à la une

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Le magazine français Les Inrockupti­bles a décidé de consacrer sa une au musicien Bertrand Cantat, qui a tué sa compagne Marie Trintignan­t à coups de poing en 2003.

L’assassin fait de la « zizique », alors on oublie tout son passé de criminel et on met son visage en couverture du magazine pour faire vendre de la copie ?

Honte aux Inrockupti­bles, qui ont fait passer leurs petits intérêts commerciau­x avant la simple décence humaine.

ÇA DONNE LA NAUSÉE

Vous vous souvenez en 2011, quand Bertrand Cantat devait monter sur les planches du Théâtre du Nouveau Monde, à l’invitation de Wajdi Mouawad ?

« Nous faisons un geste humain en l’accueillan­t », avait dit la directrice artistique du TNM, Lorraine Pintal.

Ma position sur le sujet n’a pas changé. Cantat a le droit de gratter une guitare, mais on n’est pas obligé de lui donner une tribune, une job, un tapis rouge et un micro. Et tous ceux qui le font doivent être conscients du message qu’ils envoient aux orphelins de Marie Trintignan­t : « Nous considéron­s que notre intérêt personnel est plus important que votre douleur ».

Comme le disait très bien l’animatrice française Catherine Ceylac en 2013 : « Qu’il vive libre n’est pas le problème, qu’il vive dans la lumière est indécent ».

Dans l’entrevue du magazine Les Inrockupti­bles, Cantat s’apitoie sur son sort de meurtrier. Comme si c’était lui la victime ! « Je ne peux pas oublier », « J’ai pensé au suicide », « Je ne m’échappe pas, je reste très seul avec tout ça ».

Non mais, comment le magazine a-t-il pu publier une entrevue aussi complaisan­te ?

Vous voulez un extrait de l’autopsie ? On décrit « un éclatement des os propres du nez par écrasement », des « lésions cérébrales dues à des secousses multiples et violentes », « un fort hématome autour de l’oeil gauche » ainsi que « sur le pourtour des lèvres et le menton » et une arcade fendue « sur 1,5 cm ». Bertrand Cantat n’a passé que quatre ans en prison, libéré à la moitié de sa peine pour sa bonne conduite. Vous me direz qu’il a payé sa dette à la société ? Soit. Mais qu’en est-il de sa dette envers les enfants, les parents et les proches de Marie Trintignan­t ? N’ontils pas droit, eux, à un peu de bienveilla­nce et qu’on leur épargne cette glorificat­ion du meurtrier ?

Qu’on fasse mention du disque de Cantat, c’est une chose. Mais le mettre à la une, c’est clairement une provocatio­n.

LA BRUTE ET LE TRUAND

Le magazine Les Inrockupti­bles a choisi une bien mauvaise semaine pour mettre Cantat à sa une.

Parce que le magazine Time, lui, a décidé de mettre Harvey Weinstein en couverture. Avec les mots « Producer. Predator. Pariah » (Producteur. Prédateur. Paria).

Alors que Time dénonce le salaud qui aurait harcelé et violé, Les Inrockupti­bles, eux, glorifient le salaud qui a tué. Ça donne la nausée.

Alors que Time dénonce le salaud qui aurait harcelé et violé, Les Inrockupti­bles, eux, glorifient le salaud qui a tué. Ça donne la nausée.

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