Le Journal de Quebec - Weekend

PORTRAIT INTIME D’UNE ICÔNE

Fasciné par la vie et le mythe de la famille Kennedy, et en particulie­r par John Fitzgerald Kennedy Junior, qu’il a côtoyé pendant les années 1990, Olivier Royant, directeur de la rédaction du magazine français Paris Match, en fait un portrait intime, pré

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Cette biographie fascinante, publiée presque 20 ans après la disparitio­n en mer de Kennedy, de sa conjointe Carolyn Bessette Kennedy et de sa belle-soeur Lauren Bessette, décrit la réalité du fils chéri de l’Amérique, sur qui les Américains fondaient beaucoup d’espoir.

Olivier Royant dresse un portrait remarquabl­e de cet héritier séduisant à la vie romanesque et au destin tragique – comme bien des membres de sa famille.

« C’est un garçon qui, assez tôt, a été entouré d’une cohorte d’amis qui le protégeait. Il savait que son destin était très difficile, que c’était une pression constante et qu’en plus, il était en danger : probableme­nt en danger de lui-même et en danger des autres. Dès l’université, il avait des amis très fidèles autour de lui, mais qui ne parlaient jamais. Il y avait une sorte d’omerta autour de John. »

Olivier Royant note que l’Amérique l’a protégé jusqu’à l’âge de 16 ans, puis qu’un jour, ils l’ont laissé voler de ses propres ailes, lui à qui on interdisai­t le réel.

« Chaque fois que quelqu’un le rencontre, il imagine qu’il sera un jour président, qu’il fera de la politique, qu’il reprendra le flambeau. Et en fait, lui, il voudrait avoir une autre vie. Et peut-être avoir la chance de faire autre chose. »

LE MAGAZINE GEORGE

« Lorsque John a lancé George, son magazine politique, pour la première fois de sa vie, il crée quelque chose alors que jusqu’à présent, les gens voyaient en lui une sorte de dilettante sexy, un héritier avec un corps magnifique, toujours au bras de jolies femmes. »

Olivier Royant, arrivé à New York en 1987, a passé dix ans aux États-Unis. On lui demandait d’écrire des articles sur John.

« On a eu une série de rencontres fortuites et un jour, je l’ai rencontré pour de vrai, quand le magazine a été lancé aux États-Unis. Il m’a serré la main, il a fait “I’m John”, sans dire son nom de famille. Je dois dire que sa présence était assez intimidant­e : vous voyez à la fois le visage de sa mère, le visage de son père. C’était beaucoup plus que ça : c’était le visage de l’histoire que vous aviez en face de vous. »

LE CRASH

L’écrasement de l’avion de John l’a laissé sous le choc. « Personne n’était prêt à ça. On a toujours imaginé que John lançait un magazine politique comme une sorte de période de transition avant de se lancer vraiment en politique. On avait tous ça dans la tête. Tout d’un coup, il disparaît. En quelques heures, on retrouve les corps, ils sont incinérés. »

« Les New-Yorkais se sont rassemblés devant le domicile de John et Carolyn à TriBeCa et tout d’un coup, on a vu les images à la télévision sur CNN. L’émotion était énorme : c’était le fils de l’Amérique. Les Américains perdaient l’héritier des Kennedy, mais en plus, ils perdaient leur fils. »

Il y avait en plus une dimension absurde, mythologiq­ue, liée à cet accident, analyse-t-il « C’est Icare qui monte dans le ciel et se brûle les ailes. »

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