Féroce concurrence
Les attentats survenus au Burkina Faso et au Mali ont montré une fois de plus la volonté d’al-qaïda de reprendre sa visibilité perdue au profit du groupe de l’état islamique (ÉI). Les deux groupes terroristes rivalisent de violence pour attirer les combattants étrangers et les sources de financement.
«Jusqu’à très récemment, le label AlQaïda, c’était payant. Aujourd’hui, le label payant, c’est État islamique. Il y a des effets de mode. Dans les années 2000, c’était Al-qaïda, là, c’est l’état islamique», tranche Aurélie Campana, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les conflits et le terrorisme à l’université Laval.
De la concurrence «féroce» entre AlQaïda et Daech (acronyme arabophone du groupe de L’ÉI) naissent inévitablement les attaques et les attentats. «Ils veulent se faire voir pour attirer le monde et l’argent. Malheureusement, on est aujourd’hui dans une dynamique de surenchère de la violence parce que le seul moyen de se faire entendre, c’est de faire des attentats», affirme-telle.
PROMOTION
C’est dans ce souci de promotion que Boko Haram a prêté allégeance à Daech l’an dernier, se rebaptisant du coup État islamique en Afrique de l’ouest. «Il le fait dans une recherche de visibilité, pour ne pas être marginalisé. Parce que Al-qaïda l’est, marginalisé, même avec les attaques de Ouagadougou et de Bamako», analyse l’experte.
Al-qaïda aurait d’ailleurs perdu des plumes du côté de ses allégeances, le groupe n’ayant pratiquement aucun contrôle sur ses alliés. «Tout le monde s’entend pour dire que le contrôle est excessivement ténu. Il a pu exister à certains moments, mais aujourd’hui, ces groupes évoluent en totale autonomie. Ils ne reçoivent pas d’ordres, d’aucune manière», tranche-t-elle.
MOUVEMENT
Les allégeances à l’un ou l’autre des groupes rivaux se modifient aussi, pratiquement au quotidien. «On va s’en parler aujourd’hui et demain, il va y avoir beaucoup de choses qui vont avoir changé. C’est la principale difficulté», avance-t-elle.
Elle cite en exemple le groupe Al-mourabitoune, qui revendique les attentats au Burkina Faso et au Mali. Al-mourabitoune avait quitté, il y a quelques années, Al-qaïda au Maghreb islamique (AQMI), pour prêter allégeance à l’état islamique. L’organisation a fait volte-face récemment, revenant vers L’AQMI avant de perpétrer les récentes attaques meurtrières.