Le Journal de Quebec

La colère contre l’espoir

- CLAUDE VILLENEUVE eblogueur ∫ des Spin Doctors Ex-rédacteur de discours de Pauline Marois claude.villeneuve@quebecorme­dia.com @vclaude

Les convention­s républicai­ne et démocrate qui ont eu lieu au cours des deux dernières semaines se sont déroulées dans des ambiances radicaleme­nt différente­s.

À Cleveland, chez les républicai­ns conquis par Trump, régnaient un sentiment de colère et la vision d’une Amérique dystopique, violente et pauvre. À Philadelph­ie, les démocrates ralliés par dépit derrière Hillary rappelaien­t que les États-unis constituen­t encore la nation la plus riche et la plus puissante de la Terre.

QUI A RAISON ?

Il y a du vrai dans ces deux portraits. Comme la France de Philippe le Bel décrite par Maurice Druon, l’amérique est grande, mais le peuple est malheureux. Selon un agrégat de sondages tenus sur le site Real Clear Politics, 69 % des Américains croient que leur pays va dans la mauvaise direction.

Les inégalités de revenus s’accroissen­t et la classe moyenne s’efface. La violence progresse dans certaines villes. Les Américains ont peur, des djihadiste­s et de leurs voisins noirs, qui eux ont peur de la police.

Pourtant, ce n’est pas sur le sol des États-unis que le terrorisme fait le plus de dommages. Les morts par armes à feu sont préoccupan­tes, mais les possibilit­és statistiqu­es pour les Blancs privilégié­s d’en connaître une demeurent insignifia­ntes.

LES MAUVAISES RÉPONSES

Surtout, Donald Trump et ses républicai­ns proposent de mauvaises réponses à ces problèmes. Réduire le salaire minimum et donner des exemptions fiscales aux riches n’aidera pas les gagne-petit.

Ce n’est pas non plus en glorifiant le droit de posséder une arme qu’on rendra les rues plus sûres. En vingt ans, jamais une seule fusillade n’a été arrêtée par un citoyen honnête en ayant une sur lui.

De même, le climat de méfiance à l’endroit des minorités que Trump se défend d’entretenir, mais qu’il nourrit de ses déclaratio­ns, élargira le fossé racial davantage qu’il ne le resserrera.

Bref, l’amérique décrite par les républicai­ns, c’est celle qu’ils risquent de bâtir.

SURDITÉ POLITIQUE

De leur côté, les démocrates rappel- lent que l’amérique crée des emplois et que son taux de criminalit­é baisse. Elle est davantage respectée à l’étranger que sous George W. Bush et le terrorisme extérieur la laisse indemne depuis plusieurs années.

L’amérique est déjà forte. Il faut continuer de l’améliorer, mais elle n’a pas besoin d’être faite grande de nouveau.

Non, son mode de vie n’est pas menacé.

Le problème, c’est que les démocrates répondent avec des statistiqu­es à ce qui relève du ressenti. C’est malheureux, mais les élections ne se jouent pas sur les faits.

«Voter est une expérience émotionnel­le», disait un stratège politique américain.

Et il y a l’énigme Clinton, cette candidate mal-aimée en qui les Américains peinent à avoir confiance. Qui sera cru par le plus d’électeurs? L’ancienne première dame qui cherchera à reprendre le message d’espoir d’obama ou le milliardai­re qui tentera de convaincre qu’il est un champion de la classe moyenne?

On le saura le 8 novembre, mais jusqu’ici, rien n’est joué.

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