Une saveur particulière pour les Québécois
TORONTO | Personne ne donnait cher de la peau d’équipe Europe avant la Coupe du monde. Sa tenue chancelante en matchs préparatoires n’a rien fait pour changer cette perception. C’était rendu au point où elle faisait l’objet de moqueries.
Cette formation faisait figure, en quelque sorte, d’une équipe de l’expansion.
Formée avec des joueurs provenant de huit pays, on ne voyait pas comment elle parviendrait à rivaliser dans son groupe avec les Canadiens, les Américains et les Tchèques.
On la disait même moins forte que l’équipe composée des jeunots nord-américains contre laquelle elle avait d’ailleurs très mal paru en rencontres préparatoires à Québec et à Montréal.
BONHOMME SPÉCIAL, CE KRUEGER
Aujourd’hui, plus personne ne peut rire d’équipe Europe.
C’est elle qui a mérité le droit d’affronter la puissante machine canadienne en finale de la Coupe du monde.
Encore là, on dira qu’elle n’a aucune chance. Mais elle en a déjà fait beaucoup en réussissant là où les Suédois, les Russes, les Nord-américains, les Américains, les Tchèques et les Finlandais ont échoué.
Il faut lui rendre le mérite qui lui re- vient. L’entraîneur en chef Ralph Krueger et ses adjoints Paul Maurice, Brad Shaw et Myles Fee ont su cimenter cette équipe en peu de temps.
Ce Krueger a une personnalité et une formation qui le démarquent de la moyenne des entraîneurs. Il a du bagout et du charisme.
Originaire du Manitoba, l’homme de 57 ans a joué principalement en Allemagne. C’est là qu’il a commencé sa carrière d’entraîneur.
Il a dirigé ensuite en Autriche et en Suisse avant que les Oilers d’edmonton ne lui donnent sa chance dans la Ligue nationale lors de la dernière saison écourtée par un lock-out, il y a trois ans.
L’aventure a été de courte durée. Après une seule saison, Krueger était remplacé par Dallas Eakins, qui n’a pas fait long feu non plus.
RECYCLÉ DANS LE SOCCER
Or, depuis deux ans, Krueger fait dans le football anglais à titre de président du Southampton FC, de la Premier League.
Aussi, il a profité de la tribune qui lui était offerte après la victoire de son équipe contre la Suède, hier, pour remercier les propriétaires des Saints de lui permettre de diriger Équipe Europe.
Son champ d’activités ne se résume pas au domaine sportif.
Krueger fait partie aussi du Forum économique mondial, organisme siégeant à Genève qui débat des problèmes urgents de la planète.
Krueger s’est dit reconnaissant aussi envers la Ligue nationale et l’association des joueurs de donner la chance à des joueurs dont les pays ne participent pas à la Coupe du monde d’avoir l’occasion de montrer leur savoir-faire contre les meilleurs joueurs du monde.
«Mieux on fera, moins on aura la chance d’être invités de nouveau. Non, je blague!» a-t-il ajouté en provoquant le rire général chez les journalistes.
On retrouve cinq gagnants de la coupe Stanley au sein de l’équipe européenne.
Le vétéran Marian Hossa compte à lui seul trois bagues toutes remportées avec les Blackhawks de Chicago.
Anze Kopitar a participé aux deux premières conquêtes de l’histoire des Kings de Los Angeles. Son coéquipier Marian Gaborik était là pour la deuxième.
Zdeno Chara et Dennis Seidenberg ont tous deux inscrit leur nom sur la coupe avec les Bruins en 2011.
«Personne ne nous voyait en finale de ce tournoi, a dit Chara.
«Quant à nous, on se disait qu’on devait jouer un match à la fois, faire de notre mieux et rester humbles.
«À titre d’adjoint au capitaine, mon rôle était de voir à ce que les gars se serrent les coudes et qu’ils laissent leur ego à la porte du vestiaire.
«Jusqu’ici, c’est un vrai plaisir de jouer avec cette équipe.»
Y a-t-il encore quelqu’un qui en doute?