C Series : un contrat qui profite à Mesotec
SHERBROOKE | La récente commande de 5,6 milliards $ pour 75 avions C Series effectuée par la compagnie Delta Air Lines profitera à Mesotec, un sous-traitant sherbrookois de longue date de Bombardier.
Dans son atelier d’usinage, Mesotec fabrique déjà des composantes pour les portes des avions de la C Series, qui sont actuellement assemblées au Mexique. Mais cette responsabilité sera bientôt transférée en Chine et l’entreprise de Sherbrooke espère bien que ses services seront toujours requis.
«Les pièces que nous fabriquons ne sont pas si simples à faire. Plutôt que de se casser la tête à repenser toute leur fabrication, ils pourraient nous les acheter. On aimerait poursuivre dans cette nouvelle relation d’affaires», explique Philippe Constancis, le président de Mesotec.
Rien qu’avec ce contrat, Mesotec espère des ventes de 3 M$. Cette somme s’ajoute à celles qu’ils obtiendront au cours des 10 prochaines années pour la fabrication de pièces pour Pratt & Whitney, qui conçoit notamment le moteur du modèle CS100 acquis par Delta Air Lines.
LE BON MOMENT
Pour Mesotec, cette annonce prometteuse arrive à point. L’entreprise finalise le déménagement de ses activités dans un édifice deux fois plus grand. Les 29 000 pi2 anciennement utilisés ne suffisent plus et un investissement de 12 M$ sur deux ans était nécessaire.
«J’ai vu que dans le secteur où on est, il y a beaucoup de pression sur les fournisseurs pour grossir ou se faire sortir. Plusieurs petites entreprises ont décidé de ne pas investir, mais moi le défi m’a allumé», raconte Philippe Constancis.
PRÉSIDENT À 35 ANS
Il y a 10 ans, l’homme a repris les rênes de Mesotec cofondée par son père en 1977. Devenir président à l’âge de 35 ans d’une entreprise en pleine croissance et qui compte une centaine d’employés était tout un défi.
«Il y a des avantages à être la relève familiale, mais aussi des inconvénients. Il a fallu que je joue des coudes, parce que je n’étais pas toujours le bienvenue», se souvient-il.
Philippe Constancis avoue qu’il n’était pas destiné à occuper de telles fonctions lorsqu’il a commencé dans l’entreprise en occupant un poste de programmeur il y a 23 ans.
La gestion n’était pas son ambition première et il confie avoir eu à faire certains deuils en prenant la direction. Celui de se retrouver sur le plancher à manipuler des pièces et à superviser leur production en fait partie.
«Quand on va vers une direction d’entreprise, il faut laisser cet aspect à d’autres. Même si on a une expérience, un intérêt ou un certain confort, il faut laisser la place», explique-t-il.
CHIFFRE D’AFFAIRES
Philippe Constancis est désormais bien ancré dans son rôle de président. Il a permis de faire passer le chiffre d’affaires de l’entreprise de 10 M$ en 2009 à près de 20 M$ estimé pour cette année.
UNE DE NOS MEILLEURES DÉCISIONS Même s’il s’agissait d’une entreprise familiale, Philippe Constancis estime que le fait d’avoir intégré un joueur extérieur, Desjardins Capital de risque, a été bénéfique. UNE DE NOS PIRES DÉCISIONS À ses débuts en tant que patron, Philippe Constancis avoue avoir eu de la difficulté à assumer ses nouvelles responsabilités. Entouré d’une équipe expérimentée, il avait du mal à bien l’encadrer.
UN CONSEIL AUX JEUNES ENTREPRENEURS «Même lorsque l’entreprise est vendue à la relève familiale, il faut s’attendre à trimer dur. C’est long avant que les gens admettent qu’on a mérité notre poste même si on fait une bonne job.»