Duterte menace d’étendre la loi martiale
Ses opposants redoutent un régime autoritaire
MANILLE | (AFP) Le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a menacé, hier, d’étendre à tout le pays la loi martiale imposée la veille dans le sud pour contrer les islamistes, qui ont décapité un responsable de la police et pris un prêtre en otage.
Le chef de l’état a ordonné mardi soir la mise en application de ce régime d’exception dans la région méridionale de Mindanao, qui s’étend sur un tiers du territoire philippin et où vivent 20 % des plus de cent millions d’habitants de l’archipel.
Il répondait ainsi aux attaques de combattants ayant prêté allégeance à l’organisation djihadiste État islamique (ÉI).
SOLDATS TUÉS
Une centaine de militants de L’ÉI sont en effet entrés, mardi, dans la ville de Marawi, y tuant cinq soldats, s’emparant dans une église d’un prêtre et d’un nombre indéterminé d’autres personnes, et incendiant des bâtiments.
Des photographies diffusées sur les réseaux sociaux par certains des 200 000 habitants de cette localité montrent des hommes armés déambuler dans les rues et y hisser des drapeaux noirs semblables à ceux de L’ÉI.
L’ecclésiastique pris en otage est le père Chito Suganob, a précisé le président de la Conférence des évêques des Philippines, Socrates Villegas, selon lequel les ravisseurs «ont menacé de tuer les otages si les forces gouvernementales lancées contre eux n’étaient pas rappelées».
CHEF DE POLICE DÉCAPITÉ
«Le chef de la police de Malabang a été stoppé au moment où il rentrait chez lui à un point de contrôle mis en place par des terroristes et je crois qu’ils l’ont décapité sur place directement», a raconté, hier, à des journalistes, le président Duterte pour expliquer pourquoi il avait imposé la loi martiale dans le sud.
Il a ajouté qu’il pourrait la faire appliquer «dans tout le pays pour protéger la population», prévenant que cela rappellerait le temps de la dictature de Ferdinand Marcos, renversé par une révolution en 1986. «Je n’hésiterai pas à tout faire pour protéger et préserver la nation philippine», a-t-il poursuivi, jugeant que «la loi martiale de M. Marcos était très bonne».
Ses opposants ont fait état de leurs craintes de voir le président, initiateur d’une guerre controversée contre la drogue, se servir des questions de sécurité pour imposer une forme d’autoritarisme.