Philippe Couillard le vainqueur
Le sondage Léger paru dans Le Journal et Le Devoir la fin de semaine dernière nous oblige à une lucidité impitoyable. Quoi qu’en disent les réseaux sociaux et les colériques de toutes oppositions, le Parti libéral du Québec sera assuré d’une victoire en 2018.
Car, oublions désormais une alliance du Parti québécois avec Québec solidaire. La dénonciation haineuse du PQ par les Solidaires ferme définitivement la porte à cette union contre nature.
Une alliance PQ-CAQ entraînerait une défaite libérale. Mais cette alliance est impensable. D’abord, elle ne s’inscrit guère dans nos moeurs politiques. Les francophones ont toujours été divisés entre eux. Certains y voient une expression démocratique forte, d’autres une incapacité à parvenir à une forme de consensus quand l’intérêt supérieur de la nation est en jeu.
SENTIMENTALITÉ
Cependant, le concept même de nation nous a glissé sous les pieds. En ce sens, la nation, tremplin de notre émancipation politique, est rangée avec les espoirs et les réussites collectives passées au grenier de nos souvenirs. La nation appartient désormais à une sentimentalité en désuétude.
Affirmer que cette chronique n’est pas réjouissante à écrire est un euphémisme. Mais il faut enlever les taies sur nos yeux et, au risque de se flageller, regarder avec une froideur brûlante les années politiques à venir.
Ce sondage révèle en effet une distance infranchissable entre ceux que préoccupe la survie linguistique et culturelle du Québec et les désidératas de la majorité des citoyens.
La priorité pour 38 % des Québécois est l’accession à un médecin de famille et à la réduction de l’attente aux urgences des hôpitaux. Vient ensuite à hauteur de 28 % la réduction des impôts et des taxes.
La peur de la maladie occupe à l’évidence l’esprit de la majorité des citoyens. Il faut donc se pencher sur le moral des Québécois, sur l’anxiété qui les habite, et cela, même chez les jeunes où normalement l’obsession de la maladie et de la mort est faible.
DÉNI DE RÉALITÉ
Dans une société qui n’a plus les moyens de la gratuité de ses services en santé, en services sociaux dans la justice, espérer des baisses d’impôts et de taxes indique la force du déni de réalité dans laquelle nous vivons depuis des décennies.
La dernière des priorités de la population à hauteur de 9 % est la défense et la promotion de la langue, la culture et l’identité québécoise.
Qu’en conclure sinon que le combat est perdu et que Philippe Couillard qui ne cache rien de son insensibilité à ces questions est, lui, en lien avec ce nouveau Québec multiculturel, qui navigue toutes voiles dehors vers les îles enchanteresses de la diversité canadienne triomphante?
Le peuple en démocratie est souverain. Les défenseurs de la culture, préoccupés par l’identité, deviennent donc des immigrés de l’intérieur. Aussi noble que soit leur combat, la majorité des Québécois ne le partage pas.
Il est temps pour moi de partir en vacances pour m’aérer l’esprit. Bon été.