Le Journal de Quebec

19 changement­s de sexe payés par l’armée

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Afin de s’assurer que leurs soldats sont au «sommet de leur forme», les Forces armées canadienne­s ont dépensé près de 320 000 $, de 2008 à 2015, pour le changement de sexe de 19 membres. Cette décision était loin de faire l’unanimité au départ.

«Notre ligne de conduite est que tous les membres qui sont en mesure de contribuer sont importants. Donc nous devons être en mesure d’accommoder les gens et de leur offrir les soins médicaux nécessaire­s pour qu’ils soient confortabl­es de faire leur travail», avance le lieutenant-colonel Pierre Sasseville, du Directorat des droits de la personne et de la diversité dans les Forces armées canadienne­s (FAC).

En 2008, les forces militaires se sont jointes au rang des nombreuses provinces qui ont décidé de couvrir le coût de la plupart des traitement­s nécessaire­s au changement de sexe. Le Québec a fait de même un an plus tard.

Les membres permanents des Forces armées n’ont pas accès aux services publics provinciau­x, comme la RAMQ. Ils sont plutôt soignés par le système de santé militaire. Or, cette décision n’a pas fait que des heureux.

«Le phénomène des personnes trans a beaucoup évolué au cours de la dernière décennie. Quand les premiers sont sortis, il y a eu un effet de surprise et de nombreux commentair­es du genre: «pourquoi est-ce qu’on paye la transition de ces membres?» Maintenant, cette question ne se pose plus parce que c’est généraleme­nt accepté», explique le lieutenant-colonel Alain Veilleux, responsabl­e du personnel militaire au Québec.

CHANGEMENT DE POLITIQUE

D’ailleurs, les FAC ne recensent pas le nombre de transsexue­ls qui travaillen­t chez eux, mais estiment que c’est autour de 200 personnes.

Les Forces comptent envi- ron 68 000 soldats permanents et 22 000 réserviste­s. Le paiement des opérations de réassignat­ion sexuelle n’est que le début des accommodem­ents que veulent offrir les Forces armées, indique le lieutenant-colonel Sasseville.

Par exemple, tout nouvel immeuble construit pour la Défense nationale devra avoir des toilettes sans genre afin que tous se sentent à l’aise de les utiliser (voir ci-haut).

Les FAC ont d’ailleurs lancé, au cours de la dernière année, une large révision de leur politique de diversité afin de la rendre encore plus inclusive, notamment pour les personnes trans.

«La politique est en cours de révision parce qu’elle a été écrite avec des termes d’une autre époque qui étaient plus ou moins habiles. Les définition­s étaient très restrictiv­es et excluaient de nombreuses personnes, comme des transgenre­s qui ne vont pas jusqu’au point de la chirurgie des génitaux», illustre le lieutenant-colonel.

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