Le Journal de Quebec

Comment aider mon homme?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je suis à bout Louise, et avant de péter ma coche, j’ai besoin d’un conseil. Je suis mariée depuis 35 ans avec un homme qui n’a jamais été bavard. En général quand il parlait, les enfants et moi on l’écoutait sans maugréer, car alors sa colère sortait comme la lave d’un volcan. Il n’a jamais levé la main sur les enfants ou sur moi, mais on a toujours eu peur de lui.

On a élevé notre famille de trois enfants avec des hauts et des bas, mais sans jamais de gros drames. Avec nos enfants désormais adultes j’ai de bonnes relations, alors qu’avec leur père, ça reste distant. Ils savent comment il a travaillé dur pour leur donner le maximum, mais c’est comme s’il avait créé un mur entre lui et eux.

Je soupçonne que ça le peine de ne pas pouvoir être plus proche de son fils par exemple, mais quand j’aborde la question, il refuse d’en parler. Il y a aussi notre relation qui se dégrade depuis qu’il a pris une retraite forcée vu son congédieme­nt. Son refus de s’ouvrir à moi qui me dérangeait peu à l’époque où mon travail à mi-temps, l’entretien de la maison et le soin des enfants m’occupaient, me pèse de plus en plus.

Je suis obligée de mettre des gants blancs jusqu’au coude pour lui parler, quand il daigne me parler. Le reste du temps il se renferme dans sa coquille. Je vis avec un bloc de béton que je sens bouillir par en dedans sans pouvoir percer le mystère de ses pensées. Comme depuis qu’il est à la retraie il ne voit plus aucun de ses collègues d’avant, il n’a plus aucune soupape pour évacuer le trop plein, et c’est moi qui en pâtit.

Je songe de plus en plus à le quitter car je n’ai plus aucun plaisir à vivre avec ce mur sans fenêtre vers l’intérieur. Je redoute le jour de ma retraite qui approche. Comment arriver à le supporter 24 heures sur 24?

J’en ai parlé avec mes enfants qui me conseillen­t de le quitter, mais j’hésite. J’ai l’impression que malgré son mutisme, je suis sa bouée de sauvetage. La seule ancre qui le rattache à la vie. C’est vrai que mon mari a eu une enfance difficile, qu’il n’a pas eu des parents adéquats et que ça l’a beaucoup marqué. Mais estce une raison pour me le faire payer, moi qui n’y suis pour rien? Je suis convaincue qu’il devrait consulter. Mais ai-je besoin de vous dire qu’il ne veut rien entendre de ça? Que me reste-t-il comme solution? Je vis la solitude à deux

En janvier dernier dans le quotidien de Québec « Le Soleil », il y a eu un excellent dossier sur « La détresse silencieus­e des hommes » qui traitait justement du fait qu’encore aujourd’hui, de nombreux hommes sont réticents à aller chercher de l’aide psychologi­que, et que dans la plupart des cas de ceux qui le font, une femme a servi de bougie d’allumage. C’est pourquoi je vous exhorterai­s à faire preuve d’encore un peu de patience pour tenter d’éveiller votre homme si vous l’aimez encore.

D’après le sociologue Jacques Roy « …Une femme qui se fait aider ne se sent pas menacée dans son identité, alors que l’homme lui, y voit une menace potentiell­e. » Autrement dit, l’homme veut régler ses problèmes tout seul et reste persuadé qu’il y arrivera coûte que coûte. Votre mari semble lutter depuis longtemps avec ses démons intérieurs, alors ce ne sera pas simple de le déverrouil­ler. Mais à défaut de le convaincre de consulter un thérapeute, pourquoi ne pas essayer de l’orienter vers un organisme d’entraide pour homme. Via le Réseau Homme Québec vous devriez facilement lui trouver un lieu de parole qui devrait l’intéresser.

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