Le Journal de Quebec

Aimer le Canada… à en perdre la raison

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com @mbockcote

Laissons-nous bercer par la comptine officielle : à ce qu’on nous répète chaque jour, le Canada serait un pays merveilleu­x.

Nos fédéralist­es aiment même faire croire qu’il s’agit du meilleur pays au monde. Il arriverait au premier rang en matière de tolérance, de diversité, d’ouverture, de générosité. On nous le vend comme un phare pour l’humanité. Comment pourrait-on avoir même l’idée de s’en séparer ?

Pourtant, ce pays n’hésite pas, ces temps-ci, à céder à son péché mignon : le mépris des Québécois et plus largement, celui de la langue française.

FRANÇAIS

C’est ce qu’on pourrait appeler l’hypocrisie canadienne. Ce pays prétend reconnaîtr­e les identités qui s’y trouvent, mais censure la reconnaiss­ance du peuple québécois, qui est pourtant un de ses deux peuples fondateurs.

Il prétend valoriser le bilinguism­e officiel, mais consacre en fait la domination de l’anglais et la relégation du français au statut de bibelot folkloriqu­e.

Quelques exemples récents le confirment.

Nous avons entendu parler de cette compilatio­n musicale célébrant les 150 ans du Canada réalisée par Universal Music. On y trouve 100 chansons, et pas une en français.

N’y voyons pas un complot de méchants Anglais. Ses concepteur­s ont simplement oublié notre existence. Pour eux, le Canada est un pays anglais.

Ils n’ont pas tort. Il n’y a qu’au Québec qu’on aime croire le contraire. On a besoin de le croire, sans quoi on devrait s’avouer que nous demeurons dans un pays qui nous traite comme un tapis.

On a vu passer aussi tout récemment la controvers­e aux Jeux de la francophon­ie canadienne. Leur slogan ? Right Fiers !

Parlons français en anglais : c’est ce qu’on pourrait appeler une idée typiquemen­t canadienne ! C’était pourtant un aveu involontai­re : voilà le sort que réserve le Canada à la langue française et aux francophon­es.

Ce mépris se confirme dans la vie politique. Philippe Couillard, ces derniers temps, a très prudemment et très timidement cherché à rouvrir la question constituti­onnelle.

Ce fédéralist­e pur et dur, qui jamais au grand jamais ne penserait à l’indépendan­ce, a voulu rappeler que l’exclusion du Québec de la constituti­on demeurait une question importante. Il ne voulait pas presser les choses, mais simplement rappeler qu’un jour, il faudrait l’évoquer.

NON !

Le Canada lui a répondu clairement : non, non, et encore non. Ce que demande le Québec n’est jamais urgent ni important.

Ce qui est triste, dans tout cela, c’est qu’une bonne partie de nos élites s’est donné une mission : nous faire croire que rien n’est jamais grave. La constituti­on ? Un détail ! C’est probableme­nt pour cela que le Canada vénère la sienne et la place au coeur de son identité. Ce sont des endormeurs de peuple. C’est ce que Robert Laplante, le directeur de la revue L’action nationale, appelle la logique de la minimisati­on des pertes.

Le coût n’est jamais trop élevé pour rester dans le Canada. On l’aime à en perdre la raison. C’est une mentalité de colonisé.

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