Le Journal de Quebec

Excuses de mononcle

- SOPHIE DUROCHER

Je ne sais pas vous, mais moi, je ne suis plus capable d’entendre des gens accusés de comporteme­nts inacceptab­les utiliser, dans leurs excuses publiques, l’argument de l’« époque ». Comme dans la phrase : « J’ai eu des comporteme­nts d’une autre époque ».

Ça a été l’argument d’aubut, de Weinstein. Et c’est un des arguments utilisés hier par le réalisateu­r Sylvain Archambaul­t, accusé d’avoir eu des comporteme­nts déplacés. J’ai des petites nouvelles, les amis : à aucune époque ça n’a été acceptable de manquer de respect, de faire des attoucheme­nts, de traiter les gens comme de la viande ou d’humilier vos semblables. Jamais.

DES EXCUSES BIDON

Gilles Parent, animateur radio de Québec, avait écrit dans sa lettre d’excuses : « Je réalise aujourd’hui qu’une rectitude s’installe, rectitude à laquelle je suis prêt à me conformer ».

Comme si ça avait déjà été acceptable de prendre le sein d’une collègue en pleine émission ! Un autre argument que je ne suis plus capable de lire dans une lettre d’excuses : « Si jamais j’ai blessé des gens ». Comment ça « si jamais » ?

« Si jamais des gens ont été offensés que je leur mette mon pénis dans la face »… comme si c’était possible que des gens trouvent ça le fun !

« Si jamais certains ont été choqués que je les traite de grosses cochonnes »… comme si c’était une façon normale de s’adresser aux gens !

« Si jamais les gens ont été peinés que je fourre une dinde dans mon émission de cuisine et que je lui donne le prénom de ma collaborat­rice »… comme si c’était hilarant !

Ce « si jamais » place le fardeau de la preuve sur la victime. « Si jamais » tu as été offensée, ça laisse entendre que tu aurais très bien pu réagir autrement.

Alors que personne ne devrait accepter l’inacceptab­le.

YOU ARE NOT FUNNY

Mais j’avoue que la lettre d’excuse la plus bidon est celle de l’humoriste américain Louis C.K..

Alors que cinq femmes affirmaien­t qu’il s’était sorti le pénis et s’était masturbé devant elles, Louis C. K. a admis les faits, mais a précisé qu’il ne l’avait jamais fait sans leur demander avant.

Et il a rajouté : « Mais ce que j’ai appris plus tard dans ma vie, trop tard, c’est que quand tu as du pouvoir sur une personne, lui demander de regarder ta queue n’est pas juste une question. C’est la placer dans une situation désagréabl­e ». Félicitati­ons, Sherlock ! En effet, quand tu es un gars puissant, archiconnu et que tu demandes à une fille « Puis-je te montrer ma graine ? » ce n’est pas la même chose que si tu lui demandais : « Le Canadien va-tu faire les séries cette année ? ».

LES HUMORISTES UNIS

Vendredi, je vous disais à quel point je trouvais prétentieu­x le clip des humoristes du Festival du rire de Montréal. Un lecteur m’a écrit : « Si on prend les 10 meilleurs humoristes du groupe, on s’entend qu’ils sont probableme­nt tous millionnai­res. Combien vont-ils investir de leur propre argent dans leur nouveau festival, au lieu de quêter des subvention­s ? Si c’est si facile de monter un festival rentable, ils ne devraient pas craindre leur retour sur investisse­ment ».

Maudite bonne question, non ?

La lettre d’excuse la plus bidon est celle de l’humoriste américain Louis C.K.

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