L’extraordinaire parcours de DA GO
La petite fille de Saint-nazaire d’acton fait son entrée au Panthéon du hockey ce soir
Le grand jour est arrivé pour Danielle Goyette. C’est ce soir, à Toronto, qu’elle sera intronisée au Panthéon du hockey. La date a beau être encerclée dans son agenda depuis juin, elle se pince encore pour savoir si c’est bien vrai.
« Qui aurait pensé qu’une petite fille de Saint-nazaire se retrouverait au Temple de la renommée du hockey ? » demande-t-elle.
« C’est incroyable ! J’ai beau essayer de me l’imaginer, j’ai de la misère à y croire. Je pense que je n’y croirai pas tant que ce ne sera pas officiel. »
C’est tout le Québec qui est honoré puisqu’elle est la première Québécoise et la quatrième femme à entrer au Temple dans la catégorie des joueurs.
Ça se souligne ! Vingt-quatre membres de sa famille seront sur place pour l’applaudir.
LE SUMMUM POUR TOUT HOCKEYEUR CANADIEN
Danielle Goyette a vu le jour et passé sa jeunesse à Saint-nazaire d’acton, près de Drummondville. Au dernier recensement l’an dernier, la municipalité comptait 884 habitants.
« Mais on a notre sortie sur l’autoroute 20 ! », illustre-t-elle avec humour.
L’ancienne porte-couleurs de l’équipe féminine canadienne n’en est pas à une distinction près. Elle a déjà sa place au Panthéon de la Fédération internationale de hockey. Mais être élu au Panthéon du hockey, c’est comme si elle atteignait le plus haut sommet.
« C’est un des plus grands honneurs que peut recevoir tout hockeyeur ayant grandi au Canada, dit-elle.
« Le hockey est une religion chez nous. Au Québec, une victoire du Canadien rend tout le monde heureux. On est malheureux quand il subit la défaite. Le hockey, c’est gros ! »
UNE DEUXIÈME NATURE
Mme Goyette a chaussé sa première paire de patins à l’âge de quatre ans. On est au début des années 1970. Bien vite, elle joue au hockey avec ses amis du voisinage.
« J’avais la chance d’avoir une patinoire à 100 mètres de chez moi, raconte-t-elle.
« On passait nos journées dehors. J’étais sur la glace après l’école et toute la fin de semaine. Je regardais les matchs à la télévision les samedis soirs et je me voyais jouer comme les joueurs du Canadien.»
Elle était la seule à s’adonner au hockey parmi les huit enfants de sa famille. Son frère unique a évolué au sein d’une équipe durant trois ans avant de passer à autre chose.
CONTRE DES PLUS DE 40 ANS
Elle n’a jamais fait partie d’équipes de garçons, comme on le voyait parfois dans ce temps. Elle a disputé ses premiers matchs avec des filles à partir de 15 ans. Il y avait des femmes de tous âges. Certaines avaient plus de 40 ans.
Le groupe disputait un match par semaine, sans aucune séance d’entraînement au préalable. Danielle possédait de bonnes habiletés qu’elle avait développées sur la patinoire de son patelin dans des matchs à 10 contre 10 ou 15 contre 15. Ça aidait à bien manier la rondelle ! Par contre, elle n’avait aucune idée de ce qu’étaient un système de jeu et un plan de match.
PREMIER CONTACT AVEC LA COMPÉTITION
Les choses ont changé quand elle s’est taillé un poste avec l’équipe nationale canadienne en 1991. Elle a 25 ans et ne parle pas anglais. Elle peut tou- tefois miser sur l’aide de coéquipières québécoises.
À son premier Championnat du monde, en 1992, elle aide le Canada à remporter la médaille d’or, une première de neuf dans sa longue carrière.
Lorsque le Comité international olympique annonce en 1996 que le hockey féminin fera partie des Jeux de 1998 à Nagano, elle prend une décision qui changera sa vie. Elle saute dans sa Mazda 323 avec ses valises, sa poche d’équipements et son vélo et prend la route de Calgary dans le but d’apprendre l’anglais.
« C’est ce que je devais faire si je voulais me donner la chance d’aller aux Olympiques, continue-t-elle.
« Ce déménagement est la chose la plus dure que j’ai faite dans ma vie. Les premiers mois ont été difficiles. J’étais une personne gênée et renfermée.
« J’ai été bien accueillie. Les gens venaient vers moi avec le sourire et me demandaient comment j’allais, mais je m’éloignais. Ils pensaient que j’étais snob, mais j’avais peur. Je pense avoir pleuré à tous les soirs pendant le premier mois. »
LE DÉCÈS DE SA MÈRE L’A CHANGÉE
Comble de malheur, sa mère est décédée peu après son départ du Québec.
« J’étais très proche de mes parents, souligne-t-elle, mais la mort de ma mère m’a donné le coup de pied au derrière dont j’avais besoin pour aller au bout de mes ambitions. Elle me disait toujours : “si tu veux faire quelque chose, fais-le”.»
L’ancienne patineuse de vitesse sur courte piste Sylvie Daigle a exercé un grand impact sur son conditionnement physique pendant cette période. La double médaillée olympique l’a soumise à un programme d’entraînement en vue des Jeux de Nagano.
Le matin, elle patinait de sept heures à huit heures avec son équipement de hockey sur l’anneau de glace ayant servi aux Jeux olympiques de 1988. Elle retournait dormir quelques heures. De midi à 15 heures, elle s’entraînait avec ses coéquipières de l’équipe nationale.
De 16 h à 23 h, elle travaillait comme concierge à l’anneau de patinage de vitesse. Elle se tapait le nettoyage des toilettes, vidait les poubelles, passait le balai et la moppe, lavait les fenêtres.
24 DISLOCATIONS DES ÉPAULES
Comme tout joueur, elle a subi sa part de blessures. Ses épaules en ont pris pour 24 dislocations ! Elle est devenue une athlète de pointe et un exemple de persévérance. Elle était porte-drapeau de la délégation canadienne aux cérémonies de clôture des Jeux de Turin, en 2006.
À ses huit médailles d’or et une d’argent remportées aux Championnats du monde, s’ajoutent deux médailles d’or et une médaille d’argent olympiques. Elle est membre aussi du Panthéon de la Fédération internationale de hockey.