Le Journal de Quebec

Deux géants, deux hommes

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Une photo vaut mille mots. Le texte sera plus court que d’habitude. Je veux qu’on puisse parler de la photo. Prise lundi au gym Sherbatov à Laval.

Regardez ce qui saute aux yeux en premier. Les deux guerriers. À gauche, appuyé sur le poteau du ring, Simon Kean, la mâchoire serrée, les bras croisés, vêtu de blanc comme le bon chevalier, regarde Adam Braidwood donner des entrevues à un groupe de journalist­es.

Richard Le Stage, l’entraîneur de Braidwood, la classe incarnée, est installé entre les deux. Plus proche de Kean, les bras tendus devant lui, tourné vers Braidwood. Sans doute pour ne pas indisposer Kean.

Maintenant, examinez du côté de Braidwood. Il a un air Rambo avec son bandeau autour de la tête. Mais surtout, regardez sa condition physique. Pas une once de graisse superflue. Même chose d’ailleurs chez Simon Kean, qui n’a jamais été aussi découpé. Pourtant, les deux hommes vont monter dans le ring à 247, 248 livres.

Deux géants.

LE RESPECT

Ces deux géants sont avant tout deux hommes. Ça veut dire qu’ils ont leurs doutes, leurs peurs, leurs rêves.

Braidwood n’a pas arrêté depuis un an d’écoeurer « amicalemen­t » Kean sur les réseaux sociaux. Depuis un mois, les Québécois découvrent un homme attachant malgré un passé criminel lourd et douloureux. Il assume et veut vivre.

Mais on oublie que Simon Kean a dû, lui aussi, parcourir une route aussi difficile qu’une rue de Montréal. Pleine de pièges, de trous et d’obstacles.

Il a choisi, après avoir raconté cette partie de sa vie dans Le Journal, de rester discret. Mais lui aussi a été forgé par les difficulté­s personnell­es. Et il a raison quand il rappelle que c’est un match de boxe auquel on aura droit à Shawinigan et non un concours de misères, petites et grandes.

On l’a senti au Sherbatov lundi. Ces deux géants se respectent. Par les réseaux sociaux, ils vont continuer d’animer le spectacle. Mais quand les deux ont partagé l’intimité du gym, aucun n’a eu un regard ou un geste de défi. Personne n’a manqué de respect envers l’autre.

SAISIR L’ÂME DE L’ADVERSAIRE

C’est rare qu’on voit un finaliste suivre ainsi l’entraîneme­nt et les entrevues d’un adversaire lors d’un entraîneme­nt public à cinq jours d’un combat.

J’ai senti que les deux faisaient pleine provision de ce que laisse voir l’âme de l’adversaire. Sentir si le courage est réel, si la bravoure est sincère ou feinte.

C’est pour partager cette ambiance étrange du Sherbatov que j’ai pris cette photo.

Je peux me tromper mais je n’avais jamais vu une scène aussi parlante…

 ??  ?? Simon Kean (à gauche) a écouté Adam Braidwood s’adresser aux journalist­es, lundi. PHOTO RÉJEAN TREMBLAY
Simon Kean (à gauche) a écouté Adam Braidwood s’adresser aux journalist­es, lundi. PHOTO RÉJEAN TREMBLAY

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