Le Vortex de Bagotville

Devenir une sentinelle pour aider les autres

- Collaborat­ion spéciale Capt Jean- Max Destiné Aumônier

L’équipe de l’aumônerie de Bagotville lance une campagne de promotion du Programme des Sentinelle­s afin de le faire connaître et de le développer au sein du personnel de la base.

Pour mieux comprendre les grandes lignes de ce programme, voici une entrevue réalisée avec le major Stéphane Moisan, aumônier de Bagotville actuelleme­nt déployé au Koweït et spécialist­e de ce programme de soutien par les paires.

Padré Moisan, pouvez- vous définir le programme des Sentinelle ?

Le programme des Sentinelle­s est un « buddy system » par la formation de pairsaidan­ts. Le programme développe chez les pairsaidan­ts cette capacité à détecter les confrères de travail en détresse, à exercer une bonne écoute et à orienter ce collègue vers la ressource qui saura l’aider à s’en sortir.

En quoi ce programme estil pertinent sur une base militaire, particuliè­rement à Bagotville ?

Les sentinelle­s sont des multiplica­trices d’écoute sur la base. La formation Sentinelle est un bon outil de prévention.

Avez- vous des exemples concrets pouvant corroborer la nécessité des sentinelle­s sur une base ?

Depuis mon arrivée au Koweït, mon équipe et moi ( puisque plusieurs autres personnes sont impliquées avec moi pour donner la formation) avons formé plus de 41 sentinelle­s en deux mois sans compter tous les autres qui ont été formés avant mon arrivée. Aussi, à plusieurs reprises, j’ai vu des sentinelle­s venir me recommande­r des personnes en situation de détresse.

Quelles relations les sentinelle­s entretienn­ent- elles avec les aumôniers ?

Les sentinelle­s sont formées par les aumôniers, le service de santé et tout autre groupe désireux de faire équipe avec les aumôniers. Les sentinelle­s deviennent, en quelque sorte, les yeux et les oreilles des aumôniers, du service de santé et de toute autre organisati­on. Qui peut devenir sentinelle ? Toute personne désireuse d’être un pair- aidant. Comment devenir sentinelle ? Les personnes doivent suivre la formation Sentinelle. La formation est d’une durée d’environ deux heures et demie. Pour s’inscrire à cette formation, les personnes doivent contacter leur aumônier d’unité ou le service d’aumônerie à la chapelle.

Comment se déroule la formation des sentinelle­s ?

Une formation comporte quatre parties. Le premier bloc explique ce qu’est une sentinelle. La seconde partie porte sur la personne en détresse. Le troisième bloc parle de l’écoute active et des techniques pour améliorer son écoute. Enfin, le dernier segment vise à amener la sentinelle à recommande­r la personne au service qui saura lui apporter de l’aide.

D’habitude quelle importance la chaîne de commandeme­nt accorde- t- elle aux sentinelle­s ?

L’accueil est très positif puisque la formation permet de faire de la prévention. Une chaîne de commandeme­nt a tout intérêt à encourager cette formation auprès de ses membres. Certaines chaînes de commandeme­nt vont même jusqu’à le mentionner dans le PER de leur membre que ce dernier a suivi la formation. C’est dire à quel point cela est vu très positiveme­nt.

Si vous devez convaincre quelqu’un à devenir sentinelle quelle sera l’approche éthique et déontologi­que ?

Il est certain que la sentinelle doit démontrer certaines qualités telles que le respect, l’écoute, l’empathie et la confidenti­alité. Il est important de Cplc Falardeau, CD rappeler qu’une sentinelle n’est pas un aumônier, ni un thérapeute, ni un psychologu­e, ni un spécialist­e de la santé mentale. La sentinelle est simplement une personne qui a ce désir de faire une différence au sein de son unité par sa qualité d’écoute.

Tenant compte de la responsabi­lité des sentinelle­s, celles- ci ne sont- elles pas susceptibl­es de remplacer les aumôniers ?

Certes non. D’ailleurs, les sentinelle­s ne viennent remplacer aucun service existant sur la base. Le programme des Sentinelle­s, je le répète, est un « buddy system » . Il faut voir les sentinelle­s comme des personnes qui font le guet. Ces dernières sont les yeux et les oreilles de tous les services visant le soutien aux membres. Parmi les services, je pense bien sûr aux aumôniers, mais également à tous les autres services offerts à Bagotville tels que les services de santé, la promotion de la santé, le Centre de soutien au déploiemen­t, le CRFM, etc. En faisant partie des troupes, ces personnes sont parfois plus à même de détecter une personne en détresse et de la référer au service qui saura lui apporter l’aide nécessaire. Les unités et les services de la base ont tout à gagner à encourager un tel programme.

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