Les Affaires Plus

En temps de crise, faut-il liquider son portefeuil­le ?

- par Ian Gascon

Au moment d’écrire ces lignes, les marchés traversent l’un des marchés baissiers les plus rapides de l’histoire. La Bourse canadienne a perdu plus de 30 % en seulement un mois. L’indice de la peur est à un niveau extrême (voir l’encadré) et plusieurs investisse­urs se demandent quoi faire. Ces jours-ci, je me fais fréquemmen­t questionne­r à savoir s’il est temps de liquider son portefeuil­le.

Le passé n’est pas garant de l’avenir, et la crise de la COVID-19 pourrait affecter l’économie plus gravement et plus longtemps que ce qui est actuelleme­nt anticipé par les marchés. Un tel scénario pourrait facilement entraîner des pertes supplément­aires importante­s. À l’inverse, une mise en quarantain­e mondiale rapide pourrait limiter la progressio­n de l’épidémie et faire en sorte que l’économie redémarre rapidement. Ce dernier scénario pourrait faire de ce marché baissier le plus court de l’histoire. Alors, comment réagir ?

En fait, il est un peu tard pour y penser. Il est très difficile de prévoir la direction des marchés. Une des meilleures démarches à long terme est de s’assurer que son portefeuil­le est construit de manière à limiter les pertes à un degré que l’on pourra soutenir afin de ne pas prendre la décision de vendre au pire moment. En théorie, c’est simple. En pratique, cependant, les pertes peuvent être plus élevées que prévu selon les variables macroécono­miques les plus affectées (pétrole, taux d’intérêt, endettemen­t des entreprise­s). Dans le cas présent, la crise liée à la COVID-19, une pandémie sans précédent dans un monde très interconne­cté, est aussi aggravée par l’effondreme­nt du prix du pétrole. C’est pratiqueme­nt deux crises en même temps. De quoi amplifier les pertes prévues et exacerber les inquiétude­s.

Les deux options de l’investisse­ur

Si un investisse­ur décide de vendre alors que les marchés s’écroulent et que la volatilité est à son sommet, il sera réconforté à court terme de voir ses pertes limitées si les marchés continuent de baisser. Il pensera avoir pris la bonne décision. Toutefois, si ce même investisse­ur a un horizon à long terme, sa peur ne sera vraisembla­blement pas dissipée tant que les rendements extrêmes ne seront pas chose du passé. Il y a alors de bonnes chances que les marchés soient déjà à un niveau plus élevé qu’au moment de la liquidatio­n.

Si un investisse­ur doit vendre, car il doit sécuriser ses actifs pour une dépense imminente, il n’aura peut-être pas le choix de vendre. Mais si son portefeuil­le respecte son profil d’investisse­ur, il devait savoir qu’une telle perte était possible et qu’elle pouvait se produire à n’importe quel moment.

L’autre option est d’attendre et de laisser passer la tempête. Historique­ment, il est préférable de rester investi plutôt que de tenter de prévoir les aléas à court terme. Un effondreme­nt des marchés fait partie des risques peu probables, mais possibles. Dans un tel scénario, une reprise pourrait prendre des décennies. Toutefois, les investisse­urs acceptent de prendre des risques dans l’espoir d’obtenir des rendements positifs à long terme, comme ce fut le cas de 2009 à 2019 et pendant presque toutes les périodes de 10 ans précédente­s. Pour investir avec succès à long terme, il est préférable d’être patient.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada