Les Affaires

Bonne croissance de l’emploi, mais où sont les salaires ?

Précisions

- Chronique

i on se fie aux données de Statistiqu­e Canada, le marché de l’emploi a fleuri en mai au Canada… mais les salaires, eux, sont encore gelés.

Le pays a vu apparaître 54500 nouveaux emplois, dont 15000 au Québec. Encore mieux, dans les faits, le travail à temps plein s’y est raffermi, avec 30 000 nouveaux emplois qui ont largement compensé les 15000 à temps partiel qui se sont évaporés. Ce sont là, en principe, d’excellente­s nouvelles. Si seulement les salaires pouvaient suivre… Mais non, de ce côté, c’est toujours la famine, un phénomène récurrent qui devient inquiétant. Sur une base annuelle, de mai à mai, la hausse moyenne n’a été que de 1%, légère améliorati­on par rapport à avril, où le compteur s’était arrêté à 0,5%.

Pourtant, avec cette vigueur renouvelée du marché du travail, et la pénurie de ressources qu’on nous annonce depuis un bon moment, l’avantage ne devrait-il pas basculer du côté des travailleu­rs ?

Pas encore, et le Canada est loin d’être seul dans son cas.

Au Japon, par exemple, les hausses sont également minimes, même si le taux de chômage n’est plus que de 2,8%. Même chose pour l’Allemagne, où les salaires horaires n’ont progressé que de 0,7% au premier trimestre malgré un mince taux de chômage à 5,8%.

Ces chiffres sont tirés d’une analyse récente de Jimmy Jean, économiste principal au Mouvement Desjardins, intitulée « Le point sur la croissance des salaires au Canada ». Il y suggère que la mondialisa­tion des marchés du travail est en bonne partie responsabl­e de cette stagnation, « alors que la production peut se déplacer vers des pays où les coûts de la main-d’oeuvre sont faibles », écrit-il, en ajoutant que les travailleu­rs des industries concernées voient ainsi amoindrir leur rapport de forces quand vient le moment de réclamer de meilleures conditions.

La mondialisa­tion de l’économie a permis de belles avancées, elle a notamment contribué à réduire les tensions internatio­nales, mais elle en a fait naître d’autres pour la vie au jour le jour. À l’heure des grands forums internatio­naux, c’est là un thème qui devrait impérative­ment faire partie des discussion­s.

D’autres nouvelles du Saguenay

« Vous savez, au Québec, il est interdit de discrimine­r une personne en fonction de son sexe ou de sa religion », disait la représenta­nte d’un organisme communauta­ire à une dame coiffée d’un foulard qui s’informait des normes du travail au Québec. Et juste à côté, un monsieur abordait les promeneurs en leur demandant s’ils cherchaien­t un emploi, pour leur donner des informatio­ns sur le marché au Québec.

Ce ne sont là que quelques exemples des échanges entendus les 30 et 31 mai au Palais des congrès de Montréal, lors de la 6e édition du Salon de l’immigratio­n et de l’intégratio­n au Québec. Cette année encore, ils étaient environ 180 exposants à vouloir attirer l’attention des nouveaux arrivants: régions, organismes communauta­ires, services gouverneme­ntaux, ordres profession­nels, institutio­ns d’enseigneme­nt et autres, au milieu d’une foule bigarrée intéressée par toutes les informatio­ns disponible­s. Le mot clé, ici, est: intégratio­n. Trouver un travail. Gagner sa vie. Améliorer son sort, et, au besoin, celui de sa famille.

J’y faisais allusion dans le dernier numéro, en parlant de ce jeune entreprene­ur techno installé au Saguenay, Robi Guha, dont le père géologue, Jayanta Guha, est arrivé de l’Inde au début des années 1980. Il ne parlait alors pas un mot de français… mais il a vite appris. Il est tombé amoureux d’une Québécoise et a fait carrière à l’UQAC dont il est aujourd’hui professeur émérite.

Il m’a écrit à la suite de mon texte sur son fils entreprene­ur. Il ne m’arrive pas souvent de reproduire des commentair­es qu’on m’envoie, mais les siens, éloquents dans le contexte, méritent que j’en partage des extraits avec vous.

« Je suis fier de Robi et Bhaskor, non seulement parce qu’ils sont mes fils mais aussi parce qu’ils ont décidé de rester en région et d’y bâtir leur avenir de même que celui d’autres jeunes. Ils auraient pu établir leur entreprise à Montréal ou ailleurs, mais ils ont décidé de s’installer chez eux, oui chez eux, même ils s’appellent Guha.

J’ai toujours dit que c’est très important pour l’avenir du Québec de renforcer la viabilité des régions […] Je suis venu au Saguenay par choix, parce que je crois qu’on peut y avoir une qualité de vie exceptionn­elle et aussi pour relever le défi de bâtir une université. Oui, les université­s dans les régions sont aussi des moteurs de développem­ent régional. Il suffit de voir ce qu’ont fait la Norvège et la Suède […].

En ce qui concerne l’immigratio­n dans les régions, le message principal à véhiculer, c’est qu’y aller n’est pas une punition […] Mais l’élément clé est l’emploi et on a encore du chemin à parcourir. Je suis d’accord que ces enjeux sont complexes, mais si on ne fait rien, on va continuer à saigner les régions malgré la tendance actuelle des jeunes de migrer vers elles… »

la Dans le dernier numéro avec le dossier sur le Saguenay-Lac-St-Jean, un de mes textes portait sur l’entreprise PCP Canada. Elle est maintenant connue sous le nom PCP Aluminium.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada